En Occident, où des millions de désenchantés s’abstiennent de voter, la plupart des journalistes ou des agences de news s’alignent sur ces médias racistes et invisibilisent eux aussi ce processus difficile, contradictoire mais passionnant de la construction de la démocratie participative, ce va-et-vient entre un État encore ¨vieux jeu¨ et pas toujours perméable à la participation citoyenne, et des mouvements sociaux naissants mais beaucoup moins patients…
¨En finir avec l’État tel qu’il existe actuellement, avec ses maires et gouverneurs régionaux, pour le remplacer par un pouvoir constituant¨
Ce dimanche 25 mai, Journée de l’Arbre, ont été dispersées des millions de semences (au total, 40 millions d’arbres ont été plantés dans tout le pays depuis le lancement de la Mission Arbre il y a huit ans par Hugo Chavez). Le président Nicolas Maduro, lors d’un dialogue avec les mouvements écologistes, a annoncé la création d’une commission présidentielle sur le changement climatique, afin d’articuler une politique d’État pour changer la nature du modèle économique vénézuélien et lui donner une dimension écosocialiste. En juillet prochain, a-t-il rappelé, Caracas recevra des scientifiques du monde entier qui ont étudié le modèle destructeur de la globalisation et proposeront des alternatives pour sauver la planète, lors d’une rencontre organisée à travers l’ALBA (¨Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique¨).Une semaine plus tôt, lors d’une rencontre avec les porte-paroles de centaines de communes en formation au Venezuela, le président a décidé de créer un organe de liaison direct avec les communes, sous la forme d’une commission adscrite à la présidence : “Je veux établir une relation directe et permanente avec tous les conseils communaux, avec les communes, pour que nous gouvernions ensemble sur les grands thèmes de l’État, les grands thèmes du gouvernement : les politiques publiques, sociales, tout… Vous me faites parvenir les propositions et je les articule avec les politiques, et vous me faites parvenir les critiques populaires sur les erreurs que commet le gouvernement bolivarien. Que vive la critique populaire ! Apprenons à nous alimenter de la critique et de l’autocritique sans avoir peur de la vérité. Le but est de surmonter les erreurs et de continuer le processus.” a expliqué le président.
En réponse à cette initiative, 2000 communard(e)s de tout le pays se sont réuni(e)s et ont débattu durant trois jours dans l’État de Lara, pour créer un Conseil National des Communes qui sera notamment l’interlocuteur de cette commission présidentielle (photos ci-contre). “C’est une manière pour nous d’en finir avec l’État tel qu’il existe actuellement, avec ses maires et gouverneurs régionaux, pour le remplacer par un pouvoir constituant, un État basé sur la commune” explique Abraham Jimenez pour qui “c’est à travers les communes et les mouvements organisés que nous pouvons proposer des projets au gouvernement, obtenir des fonds publics et les investir nous-mêmes pour le bien-être social de la communauté”.
Sur la très longue liste des conclusions des travaux des sous-groupes (2), figure la proposition que le gouvernement transfère à ce Conseil National la gestion du registre national des communes, la réappropriation des médias qui ont perdu leur engagement populaire, la création dans chaque commune d’écoles de pouvoir citoyen et de médias communaux – notamment des journaux, le renforcement de l’économie communale et de ses systèmes de transport et de stockage, ainsi que d’équipes de défense territoriales.
Invité à prendre la parole, le ministre des Communes, Reinaldo Iturriza a salué “la création de cette plate-forme politique unifiée, ce n’est pas au gouvernement de dire si c’est bien ou c’est mal. Le gouvernement observe comment le mouvement populaire, dans ce cas communal, décide de s’organiser lui-même. Notre travail est d’accompagner cette expérience”.
Pour un des coordinateurs de débat, “nous devons être conscients que la création de ce Conseil Communal National est le début d’un nouveau combat. Certains vont tenter de le faire échouer et nous devons surmonter ces obstacles”. Jasmy Quintana, militante communarde de l’État de Anzoategui, a rappelé l’opposition des maires et gouverneurs à l’émergence d’un État comunal qui leur enlèverait une grande partie de leur pouvoir. “Nous avons encore des gens qui se disent révolutionnaires et appartiennent au processus bolivarien mais ne soutiennent pas le pouvoir populaire. C’est pourquoi, indépendamment des beaux discours, nous devons rester vigilants pour que les mots deviennent réalité. Nous n’en sommes qu’au commencement. Nous devons fortifier notre base depuis le bas, pour aller vers une réforme de la constitution … pour devenir autonoms face aux maires et aux gouverneurs”.
Ce type de rencontres a lieu dans tout le pays. Ainsi les 24 et 25 mai près de 600 militants représentant quelques dizaines de communes de l’État de Mérida (voir les photos ci-dessous) ont débattu de la “guerre économique” en cours contre la révolution et des systèmes de production, de communication populaire, de défense, ainsi que de la formation socio-politique et de l’organisation.
Notes :
(1) Sur le détail de ce programme, lire ¨Ce que va faire la révolution bolivarienne de 2013 à 2019¨, http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revolution-bolivarienne-de-2013-a-2019/
(2) Conclusions intégrales de la rencontre (en espagnol): http://www.misioncheguevara.gob.ve/page-noticia.php?titulo=Propuestas
de las mesas de trabajo del 5to Encuentro Nacional de la Red de
Comuneros &cod_not=69
Sources : AVN, et Ewan Robertson, in Venezuelanalysis.com : http://venezuelanalysis.com/news/10727 et http://venezuelanalysis.com/images/10702
Traduction : Thierry Deronne
URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2014/06/06/photos-venezuela-la-profondeur-de-la-democratie-participative-cachee-par-les-medias-occidentaux/