A son actuel niveau d’enrichissement, l’Iran disposera de 250
kilogrammes d’uranium à 20%, juste assez pour fabriquer sa première
bombe nucléaire, d’ici environ six semaines, et de deux à quatre bombes
d’ici le début 2013, selon les sources du renseignement militaire de Debkafile.
D’où
la fuite organisée par une source sécuritaire israélienne anonyme,
dimanche 12 août, dévoilant les progrès de l’Iran dans le développement
du détonateur et d’amorces adaptables à une ogive nucléaire, qui puisse
être véhiculée par des missiles balistiques Shehab-3, capables
d’atteindre Israël.
Puisque de l’uranium raffiné à 20% ne correspond plus qu’à un petit bond en avant pour l’obtention du carburant nécessaire à des armes atomiques, l’Iran disposera de la capacité et des matériaux lui permettant de fabriquer une bombe nucléaire parfaitement opérationnelle, approximativement, au 1er octobre.
Cette
information n’est pas nouvelle, pour le Président américain Barack
Obama, le Roi saoudien Abdallah, le dictateur syrien Bachar al Assad, ni
le Premier ministre Binyamin Netanyahou – et certainement, encore
moins, pour l’Ayatollah Ali Khamenei en Iran.
Le
commentaire de Netanyahou, lors de l’ouverture de la réunion
hebdomadaire du cabinet, dimanche : « Toutes les menaces contre le front
intérieur sont effacées par une seule : on ne doit pas permettre à
l’Iran d’avoir des armes nucléaires ! »- a été provoqué par cette
date-butoir.
L’Ex-Premier
ministre Ehud Olmert ne disposait pas de cette information, lorsqu’il a
“assuré” aux étudiants de Tel Aviv, dimanche, que : “le programme
nucléaire iranien n’a pas atteint le seuil nécessitant une action
israélienne, actuellement ou dans le proche avenir ».
Plus
tard, il a déclaré que les « dirigeants de la défense » d’Israël ne
souscrivait pas à la vision selon laquelle « une action est désormais
inévitable ». Olmert, qui a dû démissionner sous la menace d’un nuage de
soupçon de corruption, en 2009, n’a pas, depuis lors, eu accès à des
mises à jour régulières du renseignement concernant l’Iran.
Aussi,
soit il s’est exprimé sous le coup de l’ignorance, ou parce que
désireux de rejoindre un chorus d’opposants qui ont décidé de donner de
la voix à qui-mieux-mieux dans les médias, contre Netanyahou et le
Ministre de la Défense Ehud Barak.
Le
fait est que, lorsqu’Olmert a approuvé la frappe israélienne visant à
détruire un réacteur nucléaire en construction par l’Iran et la Corée du
Nord, au nord de la Syrie, en septembre 2007, l’Iran était à des années
d’accumuler suffisamment d’uranium enrichi et de la capacité de
fabriquer des ogives nucléaires. Ces deux objectifs sont, désormais, à
la portée de Téhéran en quelques semaines.
Mener
une campagne d’opposition pour renverser le gouvernement titulaire est
légitime. Discréditer une action israélienne tardive, en vue de prévenir
l’émergence de l’Iran nucléaire, comme pour alimenter cette campagne,
ne l’est pas.
Si
ce qu’Olmert et Barak (le même Ministre de la Défense qu’aujourd’hui)
ont fait à l’époque était nécessaire, actuellement, une action visant à
retarder l’imminente « percée » de l’Iran vers l’acquisition de la bombe
est de loin bien plus nécessaire et de très loin, plus urgent.
Cependant, Netanyahou et Barak se sont laissés tailler une veste trop étroite, du fait de deux défaillances :
1.
En montrant qu’ils piétinaient, face à leur décision à prendre depuis
deux ans, ils ont conduit leurs opposants, à domicile et à Washington –
et le bureau de Khamenei également- à penser qu’à force de tourner
autour du pot, ils pouvaient suspendre une action militaire d’Israël
contre le programme nucléaire iranien jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Ce temps a été employé, non seulement à pousser l’Iran à progresser,
mais aussi à enrôler d’anciens hommes politiques et des généraux à la
retraite, à l’intérieur, et d’ajouter leurs voix à celles,
particulièrement à la Maison Blanche, qui pensent qu’Israël peut aussi
apprendre à vivre avec l’idée d’un Iran armé d’engins nucléaires.
2. Netanyahou et Barak se sont comportés comme si une décision sur l’Iran était leur prérogative exclusive, isolée et indépendante de la tourmente et des changements tourbillonnants à travers tout le voisinage arabe d’Israël, au cours des deux années passées.
Mais
les évènements au Moyen-Orient ont une manière bien à eux de prendre de
vitesse et par surprise les hommes politiques qui évoluent (trop)
lentement : dimanche, à 10 h du matin, Netanyahou prévenait ses
ministres qu’aucune menace n’était pire que l’Iran nucléaire.
A
17h 55, dans l’après-midi, le Président des Frères Musulmans égyptiens,
Mohamed Morsi lançait une véritable bombe dans les affaires du Caire.
En un piqué bien senti, il a renvoyé dans ses cordes la clique militaire
égyptienne dirigeant le pays depuis des décennies, saqué le Conseil
Suprême militaire qui avait pris les rênes de l’Egypte depuis mars 2011
et raflé aux généraux leur empire commercial, en s’appropriant le
ministère de la défense et l’industrie militaire.
Ces
huit heures moins cinq minutes fatales ont contraint les dirigeants
israéliens à y regarder à deux fois, quant à leurs plans sur l’Iran.
Les
décisions foudroyantes de Morsi étaient la touche finale qui prouve que
les attentats terroristes des Bédouins islamistes du 5 août dans le
Sinaï correspondaient pleinement à la carte maîtresse abattue par Morsi
et les Frères Musulmans, afin de s’emparer du contrôle total du pouvoir
au Caire –un plan que Debkafile a révélé le premier en exclusivité, vendredi dernier 10 août.
Netanyahou est, désormais confronté à l’un des plus sévères dilemmes de sa carrière politique : s’il doit aller de l’avant avec l’opération en Iran, cela requiert de mobiliser toutes les capacités militaires et de défense d’Israël- particulièrement en ce qui concerne les répercussions, après avoir été brusquement confronté à des défis sécuritaires imprévus, à sa frontière sud, qui restaient une frontière en paix depuis trente ans.
Les
talents exceptionnels de Netanyahou et Barak pour reporter des
décisions stratégiques jusqu’au moment où ils sont pris de vitesse par
les évènements, ont fait tomber Israël dans un piège particulièrement
périlleux :
- il est, encerclé, à présent, par l’Iran sur le point de devenir une puissance nucléaire, à l’est ; la menace d’une guerre chimique syrienne, au nord et la prise de tous les pouvoirs par les Frères Musulmans d’Egypte, au Sud.
DEBKAfile Reportage exclusif 13 août 2012, 9:53 AM (GMT+02:00)