[30/08/2013]
Les disparitions forcées dans les
Amériques ne sont pas seulement un héritage de la sombre période des
gouvernements autoritaires des années 1970 et 80 ; en réalité, cette
pratique effrayante se perpétue, a déclaré Amnesty International le 30
août, Journée internationale des victimes de disparition forcée.
En Colombie et au Mexique, les autorités ne font pas le nécessaire face au grave problème des disparitions forcées, qui continue à se poser. Les gouvernements de ces deux pays ne mènent pas d'enquêtes sérieuses sur ces dossiers et ne font pas en sorte que les responsables présumés de ces infractions pénales soient traduits en justice. Cette impunité ne fait qu'encourager de nouvelles disparitions forcées, car leurs auteurs ont des raisons de penser que leurs actes n'entraînent pas de conséquences. »
Guadalupe Marengo, directrice du Programme Amériques d'Amnesty International. Pendant ce temps, dans d'autres pays de la région - notamment l'Argentine, le Chili, l'Uruguay, la Bolivie, le Pérou, le Salvador, le Guatemala et Haïti - des milliers de personnes manquent encore à l'appel, des décennies après la période de conflits internes et de répression politique.
MexiqueAu Mexique, plus de 26 000 personnes ont été portées disparues entre 2006 et 2012 ; les auteurs de leur disparition étaient souvent les forces de sécurité ou des bandes criminelles. En raison de l'absence presque complète d'investigation sur la plupart des cas, le nombre réel de disparitions forcées dans lesquelles des agents du gouvernement sont impliqués n'a jamais été mis au jour. Cependant, la Commission nationale des droits humains examine actuellement 2 400 cas non résolus de disparitions forcées.
Dans un rapport publié en juin dernier, Amnesty International a recueilli des éléments sur plus de 85 cas emblématiques de disparitions forcées sur 152 cas de personnes qui, selon les informations reçues, ont disparu ou ont été enlevées.
L'impunité
reste presque totale et, malgré les promesses répétées des autorités,
la recherche des victimes n'a guère donné de résultats. Le gouvernement
mexicain ne semble pas vraiment résolu à mettre fin aux disparitions
forcées ».
Rupert Knox, chercheur sur le Mexique pour Amnesty International.
Les autorités n'hésitent pas à imputer à des bandes criminelles
toutes les disparitions, sans assumer leur responsabilité directe, qui
consiste à prévenir la survenue de cas dans lesquels des agents
gouvernementaux sont impliqués et à punir tout fonctionnaire mis en
cause, ni l'obligation qui leur incombe de déférer les cas de
disparition à des tribunaux civils ordinaires. Les proches des
personnes disparues sont souvent privés de toute information et les
familles sont fréquemment contraintes de mener leurs propres enquêtes
dans des conditions très dangereuses. Si la flamme de l'espoir brille
encore, c'est grâce au courage et à la persévérance des proches des
disparus, qui ne cessent d'exiger la vérité et la justice.Rupert Knox, chercheur sur le Mexique pour Amnesty International.
ColombieLe conflit armé interne qui sévit en Colombie depuis longtemps a laissé dans son sillage au moins 25 000 victimes de disparition forcée depuis 1985. Selon les chiffres officiels, il y a eu plus de 190 cas présumés de disparition forcée en 2012.
Les
disparitions forcées dues à des paramilitaires, aux forces de sécurité,
ou à ces deux forces agissant conjointement, ont caractérisé le conflit
armé qui dure depuis 50 ans dans ce pays, et de nombreux cas continuent
à être signalés ».
Marcelo Pollack, chercheur d'Amnesty International sur la Colombie.
Marcelo Pollack, chercheur d'Amnesty International sur la Colombie.
Luttons contre les disparitions forcées partout. Agissez pour les disparus syriens. Signez
Rares sont les auteurs de ces crimes qui ont été traduits en justice.
En raison de mesures législatives récentes visant à élargir la
compétence des juridictions militaires, il sera vraisemblablement de
plus en plus difficile de traduire en justice les coupables présumés
d'atteintes aux droits humains, et notamment de disparitions forcées.Tant le Mexique que la Colombie ont ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées mais, à ce jour, ces deux pays n'ont pas reconnu au Comité contre les disparitions forcées la compétence de recevoir et d'examiner les communications individuelles, ce qui permet de douter de leur volonté de mettre en pratique les obligations qui découlent de ce traité. Dans d'autres pays de cette région, les disparitions forcées sont moins nombreuses qu'autrefois, mais n'ont pas complètement cessé.
Pour en savoir plus
Lire le rapport “Mexico: Confronting a nightmare: Disappearances in Mexico”,Index AI : AMR 41/025/2013, 4 juin 2013 (uniquement disponible en anglais et espagnol)
Lire notre page "Sous la chape de plomb - les disparitions forcées en Syrie"
Lire notre page : "Mexique : les proches de victimes de disparitions forcées ne voient toujours aucun résultat"