Cervantes

Hoy es el día más hermoso de nuestra vida, querido Sancho; los obstáculos más grandes, nuestras propias indecisiones; nuestro enemigo más fuerte, el miedo al poderoso y a nosotros mismos; la cosa más fácil, equivocarnos; la más destructiva, la mentira y el egoísmo; la peor derrota, el desaliento; los defectos más peligrosos, la soberbia y el rencor; las sensaciones más gratas, la buena conciencia, el esfuerzo para ser mejores sin ser perfectos, y sobretodo, la disposición para hacer el bien y combatir la injusticia dondequiera que esté.

MIGUEL DE CERVANTES
Don Quijote de la Mancha.

21 de octubre de 2013

Chávez et l’exception vénézuélienne (Le Monde Diplomatique)


Ce que Chávez a rappelé à la gauche

Décédé le 5 mars dernier, le président vénézuélien aura amorcé le mouvement qui a transformé l’Amérique latine. En remettant les classes populaires au centre du jeu, il a placé les gauches de marché face à leurs contradictions.
par Renaud Lambert, avril 2013

Interrogez une personne au hasard : connaît-elle le nom du président ouzbek, du roi saoudien ou de la responsable de l’exécutif danois — trois dirigeants de pays comparables au Venezuela en termes de superficie, de population ou de richesse ? Peut-être pas. Celui d’Hugo Chávez ? C’est plus probable. Et elle l’aurait sans doute identifié avant que son décès soit annoncé en « une » des principaux quotidiens de la planète et que cinquante-cinq délégations de chefs d’Etat se déplacent pour lui rendre hommage.

Rien n’indiquait que le parcours de Chávez le conduirait à une telle notoriété. Lors de sa première campagne présidentielle, en 1998, un analyste vénézuélien assurait d’ailleurs : « Avant le prochain scrutin, il sera oublié (1). » A l’époque, la candidate conservatrice Irene Sáez illustre à sa façon l’attention que les élites du pays portent aux revendications populaires. En moins de vingt ans, Caracas a enregistré la plus importante contraction économique de la région, le taux de pauvreté ayant bondi de 17 % à près de 50 %. Dans un tel contexte, le programme de Mme Sáez — la continuité — peine à séduire. L’ancienne Miss Univers se doit de réagir : elle décide de s’attacher les cheveux en chignon. L’opération n’eut pas le succès escompté, et Chávez remporta le scrutin. Pour beaucoup, ce fut une surprise. Et pourtant.

En cette fin de décennie 1990, la coloration politique de l’Amérique latine évoque un monochrome d’Yves Klein. Au Mexique, M. Carlos Salinas (1988-1994) vient de brader plus de cent dix entreprises publiques. Au Brésil, M. Fernando Henrique Cardoso (1994-2002) déroule consciencieusement le tapis rouge aux capitaux étrangers. Et, avec l’Argentine de M. Carlos Menem (1989-1999), le Fonds monétaire international (FMI) s’est trouvé un « bon élève » soucieux de devancer ses moindres attentes. La campagne présidentielle vénézuélienne débute à peine lorsque crépitent les flashs immortalisant le deuxième Sommet des Amériques, organisé les 18 et 19 avril 1998 à Santiago du Chili. Aux côtés du président américain William Clinton, les clichés révèlent les mines de dirigeants latino-américains ravis d’avoir décidé la création, avant 2005, d’un marché s’étendant de l’Alaska à la Terre de Feu (la Zone de libre-échange des Amériques, ZLEA).

En Europe, treize pays sur quinze sont alors gouvernés « à gauche ». Mais le « grand soir » se fait attendre. Le socialiste Lionel Jospin s’impose comme le champion français des privatisations ; le social-démocrate allemand Gerhard Schröder engage les « réformes » qui feront de lui l’idole de la droite européenne ; le travailliste britannique Anthony Blair promeut une « troisième voie » le hissant, selon la fondation créée par l’ancien chef du gouvernement espagnol José María Aznar, au rang de « véritable héritier » de Mme Margaret Thatcher (2)…

Mais la révolte gronde en Amérique latine, où les bons génies de l’école de Chicago sont à l’œuvre depuis longtemps. A commencer par Caracas, où, en 1989, un plan d’ajustement structurel concocté par le FMI déclenche des émeutes, le désormais célèbre caracazo. La répression fera plus de trois mille morts. Trois ans plus tard, au Venezuela toujours, deux tentatives de coup d’Etat successives visent à renverser le pouvoir. L’une sera conduite par Chávez.

Des soulèvements indigènes et populaires en Equateur, en Bolivie et au Chiapas mexicain scandent une phase de mobilisations ponctuelles reposant sur l’idée qu’il serait impossible d’extraire la démocratie de sa gangue libérale. Seule solution : « changer le monde sans prendre le pouvoir », pour reprendre le titre de l’ouvrage de l’intellectuel John Holloway, paru en 2002 (3). Quitte à laisser le champ libre à la droite.

Dans un premier temps, Chávez partage certains de ces doutes : « Nous savions que la stratégie visant à emprunter la voie électorale pouvait s’avérer catastrophique, que nous pouvions nous laisser prendre au piège du système (4). » Dans son entourage, tous n’ont pas abandonné l’idée de s’emparer du pouvoir par la manière forte. La première rupture intervient lorsque son équipe constate que l’exaspération des classes moyennes à l’égard du « système » peut non seulement le conduire à la présidence, mais lui permettre d’obtenir une nouvelle Constitution : la possibilité de déjouer les « pièges du système ».

Vingt ans auparavant, le Chilien Salvador Allende avait lui aussi rompu avec la stratégie de la lutte armée. Mais « la Démocratie chrétienne gardait un poids considérable, rappelle l’intellectuelle chilienne Martha Harnecker. Non seulement dans les secteurs de la classe moyenne et supérieure, mais aussi chez les ouvriers et les paysans. Cela explique en partie pourquoi l’Unité populaire — la coalition qui soutenait Allende — n’a jamais proposé d’aller vers une Assemblée constituante », se contentant « d’utiliser la législation en vigueur en cherchant les entrebâillements de la loi (5) ».

Au Venezuela, l’ancien lieutenant-colonel Chávez peut par ailleurs compter sur le soutien d’une grande partie des forces armées, dont les officiers ne sont pas tous issus des hautes sphères — une exception dans la région. La « révolution » proclamée lors de son élection découle davantage de ce contexte singulier que d’un projet politique alors relativement timide : une critique du « capitalisme sauvage » inspirée, selon Chávez lui-même, par la troisième voie de M. Blair…
Des déjeuners avec les banquiers
à la lutte des classes

Le premier gouvernement chaviste maintient d’ailleurs — brièvement — Mme Maritza Izaguirre au poste de ministre des finances qu’elle avait occupé dans l’équipe du néolibéral Rafael Caldera. Quant à son programme initial, il se contente le plus souvent de reprendre certains dispositifs déjà mis en place au cours des années 1960 et 1970, qu’il s’agisse d’éducation ou de santé gratuites.

Toutefois, explique l’universitaire Steve Ellner, les précédents dirigeants progressistes avaient engagé des réformes économiques et sociales de ce type « en prenant soin de ne pas donner à la population le sentiment d’être devenue un acteur politique — ce qui aurait pu conduire à une radicalisation inquiétante pour les classes dominantes (6) ». Chávez adopte la stratégie opposée.

Votée en 1999, la nouvelle Constitution prévoit que les programmes sociaux ne seront plus parachutés depuis les bureaux ministériels, mais que leur mise en œuvre se fera avec la participation active de la population. Plus que l’idéologie du président vénézuélien, c’est sans doute ce projet qui excéda l’élite. Celle-ci mesura très vite que toute repolitisation de l’idéal démocratique affaiblirait son contrôle de l’Etat et sa mainmise sur la rente pétrolière.

On connaît la suite des événements : coup d’Etat, paralysie de l’industrie pétrolière par ses cadres supérieurs et ses techniciens, boycott des élections, etc. Outre qu’elle illustre l’intransigeance d’une bourgeoisie résolue à refuser la moindre concession, l’attitude de l’opposition aura pour effet paradoxal d’aiguillonner le processus chaviste. Comme l’explique Gregory Wilpert, « chaque nouvelle tentative — ratée — de l’opposition pour renverser Chávez a fini par élargir sa marge de manœuvre, lui permettant de mettre en œuvre des politiques plus audacieuses (7) ».

Pour les médias, cette évolution conduit Chávez à incarner la radicalité politique au cœur de la vague qui portera au pouvoir des dirigeants progressistes au cours des années 2000 (8). Or, de l’avis de l’ancien président conservateur uruguayen Julio María Sanguinetti, ce virage politique régional, plus « rose » que « rouge », représenterait moins une rupture révolutionnaire qu’un « déplacement laborieux, contradictoire, résigné, vers le centre (9) ». La charge subversive de termes comme « nationalisation », « souveraineté » ou « anti-impérialisme », que Chávez a remis au goût du jour, révélerait donc tout autant sa propre ambition que la lente dérive idéologique de la gauche.

La mutation du dirigeant bolivarien n’en demeure pas moins saisissante. Lors de la campagne de 1998, le candidat multipliait les rendez-vous avec Citibank, JP Morgan Chase et Morgan Stanley pour apaiser leurs craintes. Dix ans plus tard, il assure : « Notre bataille est une expression de la lutte des classes » (discours du 30 novembre 2008).

Le lendemain de sa première élection, le président élu passait la matinée dans les studios de la chaîne de télévision de la première fortune du pays, M. Gustavo Cisneros, galvanisant les investisseurs : la Bourse de Caracas bondissait alors de 40 % en deux jours. En juin 2011, le Wall Street Journal révèle que ce sont désormais les problèmes de santé de Chávez qui dopent les marchés.

En 2001, les « Lignes générales du plan de développement économique et social de la nation, 2001-2007 » prévoyaient de « créer une classe patronale émergente » et d’assurer « un climat de confiance pour les investisseurs étrangers dans le pays ». Quatre ans plus tard, le document est obsolète, Chávez proclamant que son pays se met en quête d’un « socialisme du xxie siècle ».

Ce parcours, la plupart des dirigeants politiques l’effectuent en sens inverse. D’où, sans doute, l’attention portée au Venezuela. Au moment où, en France, M. Jospin expliquait que « l’Etat ne peut pas tout », le Venezuela procédait à sa réhabilitation : il exigea le contrôle majoritaire des projets d’exploitation des ressources naturelles (domaine dans lequel il fera des émules en Amérique latine), reprit la main sur la Banque centrale et la politique monétaire… Et, alors que La Havane construit dorénavant des terrains de golf pour accueillir les touristes, Caracas réquisitionne les siens pour y loger des sans-abri.

Réduction de moitié de la pauvreté depuis 2003 et baisse de 70 % de l’indigence ; résorption des inégalités (le pays est aujourd’hui le plus égalitaire de la région) ; émergence d’une puissante diplomatie qui contribuera à l’échec du projet de ZLEA et à l’apparition de structures régionales basées sur le principe de solidarité, telle l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), ou d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, qu’il s’agisse de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) ou de la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes (Celac)… Du soutien à l’Argentine pour le remboursement de sa dette à l’aide au système de santé bolivien, bientôt Caracas « remplace le FMI en tant que principale source de financement dans la région » (El Nuevo Herald, 1er mars 2007). Faut-il en conclure avec Les Echos (7 mars 2013) que Chávez a « gaspillé » sa rente pétrolière — une manne dont le Venezuela ne s’est pas contenté de profiter, mais qu’il a activement contribué à gonfler en se réengageant dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour favoriser une hausse des cours ?
« Vous ne parlez pas à n’importe qui,
mais au président »

Cependant, les regards se sont également tournés vers Caracas pour en observer les difficultés. Et elles sont nombreuses.

L’impossibilité, tout d’abord, de compter sur l’appareil d’Etat hérité de l’« ancien régime » ou d’en remplacer les fonctionnaires par des cadres loyaux suffisamment nombreux. Comme l’observait le sociologue britannique Ralph Miliband dans les années 1970, « les gouvernements qui poursuivent une transformation révolutionnaire ne peuvent raisonnablement s’attendre à profiter de la célèbre “neutralité” des élites administratives, et moins encore compter sur le soutien dévoué et enthousiaste qu’exigerait la mise en œuvre de leur politique (10) ».

Ensuite, la stratégie découlant de ce premier obstacle et visant à construire un nouvel Etat, parallèle au premier et destiné à le renverser — « plus tard ». Selon Michael Lebowitz, un conseiller de Chávez, « il y a deux Etats : d’abord, celui dont les travailleurs prennent le contrôle (c’est-à-dire l’ancien Etat) et à partir duquel ils commencent à édicter des mesures contraignantes à l’encontre du capital ; ensuite, le nouvel Etat naissant, dont les cellules de base sont les comités de travailleurs et les conseils communaux (11). Le point de départ, bien entendu, c’est l’ancien Etat, et le passage au socialisme compris comme un système organique est un processus de transition vers le nouveau. Mais cela veut dire que les deux doivent coexister et interagir tout au long de ce processus (12) ». Or, si le dispositif a permis de mettre sur pied les fameuses « missions », avec le succès qu’on sait (lire « Au bout du compte »), il a également conduit à dupliquer la bureaucratie, à alimenter la corruption et à engendrer une nouvelle élite, la « bolibourgeoisie », parfois proche de Chávez et probablement aussi vénale que la précédente.

L’autoritarisme, également, d’un président connu pour réprimander ceux qui formulaient des critiques en leur rappelant qu’ils ne parlaient « pas à n’importe qui, mais au président » : une attitude favorisant la personnalisation du pouvoir et contraire à l’idéal proclamé de « participation ». Si le décès du chef d’Etat vénézuélien implique un dépassement de cette difficulté (ou sa mutation ?), qu’en est-il de l’insécurité (13), ou des alliances douteuses (Biélorussie, Iran, Libye, Syrie, etc.) suggérant qu’il n’existerait aucun paradoxe à lutter contre les injustices entre pays aux côtés de capitales qui les pérennisent sur leurs territoires nationaux ?

Mais les difficultés principales demeurent probablement de nature économique. Notamment celle consistant à essayer de diversifier une économie sous perfusion pétrolière grâce à la rente du pétrole. Une pirouette qu’un observateur vénézuélien compare à la tentative de « changer une roue pendant que la voiture roule » (Chicago Tribune, 15 juillet 2005).

En 1973, le ministre des affaires étrangères américain Henry Kissinger justifiait en ces termes le coup d’Etat contre Allende : « Quand il nous faut choisir entre l’économie et la démocratie, alors notre devoir est de sauver l’économie. » Les tâtonnements de Chávez l’ont parfois conduit à effectuer le choix inverse. Faut-il vraiment le lui reprocher ?

Renaud Lambert

(1) Cité par Bart Jones dans ¡Hugo  ! The Hugo Chávez Story from Mud Hut to Perpetual Revolution, Steerforth Press, Hanover (New Hampshire), 2007.

(2) Tom Burns Marañón, «  Thatcher : consensus and circumstances  », Fundación para el análisis y los estudios sociales (FAES), Madrid, 12 mai 2009.

(3) John Holloway, Changer le monde sans prendre le pouvoir. Le sens de la révolution aujourd’hui, Syllepse-Lux, Paris-Montréal, 2007.

(4) Cité par Bart Jones, op. cit.

(5) Martha Harnecker, Amérique latine. Laboratoire pour un socialisme du XXIe siècle, Editions Utopia, Paris, 2010.

(6) Steve Ellner, Rethinking Venezuelan Politics, Lynne Rienner Publishers, Boulder, 2008.

(7) Gregory Wilpert, Changing Venezuela by Taking Power, Verso, Londres, 2007.

(8) Lire William I. Robinson, «  Les voies du socialisme latino-américain  », Le Monde diplomatique, novembre 2011.

(9) Cité par Franck Gaudichaud dans Le Volcan latino-américain, Textuel, Paris, 2008.

(10) Ralph Miliband, L’Etat dans la société capitaliste, Université de Bruxelles, 2012 (1re éd. : 1979).

(11) Lire «  La participation populaire bouscule le “vieil Etat” vénézuélien  », Le Monde diplomatique, septembre 2006.

(12) Michael Lebowitz, The Socialist Alternative, Monthly Review, New York, 2010.

(13) Lire Maurice Lemoine, «  Caracas brûle-t-elle  ?  », Le Monde diplomatique, août 2010.

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