29/10/2013
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Assemblée générale
Soixante-huitième session
38e & 39e séances plénières
matin & après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONDAMNE POUR LA VINGT-DEUXIÈME FOIS LE BLOCUS AMÉRICAIN CONTRE CUBA,
DÉCRÉTÉ « À UNE ÉPOQUE OÙ LA MAJORITÉ DE LA POPULATION ACTUELLE N’ÉTAIT PAS NÉE »
Pour la vingt-deuxième année consécutive, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui une résolution*
sur « la nécessité de lever le blocus économique, commercial et
financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique », décrété après
« un différend qui a vu le jour alors que la majorité de la population
actuelle n’était même pas née », a dit le représentant de la Zambie. Le
texte a été présenté par le Ministre cubain des affaires étrangères,
M. Bruno Rodriguez Parilla, qui a affirmé que le blocus avait été encore renforcé sous la présidence de M. Barack Obama, « particulièrement dans le secteur financier ».
Adoptée
par 188 voix pour, l’opposition des États-Unis et d’Israël et les
abstentions des Palaos, des Îles Marshall et de la Micronésie, la
résolution exprime la préoccupation de l’Assemblée générale face à
l’adoption et à l’application de nouvelles mesures pour durcir et
élargir le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba.
Elle « exhorte de nouveau tous les États à s’abstenir d’adopter ou
d’appliquer » de telles mesures et « demande de nouveau instamment » à
tous les États de faire le nécessaire pour les abroger ou pour en
annuler l’effet dès que possible.
Le Ministre cubain des affaires étrangères a confirmé que le blocus a été renforcé sous la présidence de M. Barack Obama,
particulièrement dans le secteur financier. Les États-Unis, a-t-il
expliqué, ont utilisé l’énorme capacité technologique de leur système
d’espionnage massif, dénoncé récemment, pour persécuter et contrôler les
transactions financières et les relations économiques de Cuba.
Entre janvier 2009 et
septembre 2013, les amendes imposées à 30 entités américaines et
étrangères pour leurs relations avec Cuba ont atteint 2,446 milliards de
dollars, a affirmé M. Bruno Rodriguez Parilla. Le blocus économique s’est resserré et se ressent sur les conditions de vie des familles cubaines.
Le Ministre a affirmé que
Cuba ne représente en aucun cas une menace à la sécurité de « la
superpuissance américaine ». Il a rappelé que son pays était disposé à
établir un dialogue sérieux et constructif dans le respect de la pleine
indépendance de Cuba. La reprise récente de certaines discussions sur
la migration, le rétablissement de services postaux directs ou les
discussions sur la lutte contre la pollution maritime ou les recherches
et secours en mer montrent que cela est possible.
Les États-Unis se sont,
une nouvelle fois opposés à la résolution. Leur représentant a expliqué
cette position par une volonté d’appuyer le désir de la population
cubaine de déterminer son propre avenir. La politique de sanction est
une « mesure d’encouragement » en faveur du respect des droits civils et
humains. Le représentant a affirmé qu’en 2012, plus de 2 milliards de
dollars ont transité vers Cuba et que les États-Unis sont le plus grand
fournisseur de produits alimentaires et agricoles de l’île.
Selon les époques, a
ironisé le représentant de l’Argentine, les Gouvernements américains ont
mis en avant, devant l’opinion publique, une variété d’arguments pour
justifier le blocus, mais les documents des différentes administrations
montrent la raison réelle de ce blocus: augmenter le désarroi du peuple
cubain et transformer son désespoir en opposition au Gouvernement. Le
projet a échoué, a tranché le représentant.
Les autres intervenants
ont tous condamné l’embargo comme contraire à la Charte et aux relations
commerciales internationales et qui a eu pour effet de ralentir
fortement le développement économique de Cuba. Selon les chiffres cités
par Cuba dans le rapport du Secrétaire général et repris par certains
intervenants, le blocus aurait coûté depuis son origine, en 1960,
1 126 milliards de dollars à Cuba.
Les délégations ont également dénoncé la portée extraterritoriale de la loi Helms-Burton
qui oblige le Gouvernement américain à prendre des sanctions contre les
entreprises et personnes qui font du commerce avec Cuba. Le
représentant de l’Union européenne a ainsi rappelé que la politique
commerciale des États-Unis à l’égard de Cuba était par essence une
question bilatérale mais que les effets extraterritoriaux de la
législation américaine sont « inacceptables ».
Le représentant de la Zambie a argué que l’embargo n’a pas sa place dans ce XXIe
siècle, ni de rôle à jouer alors que la communauté internationale
s’apprête à « préparer le terrain » du programme de développement pour
l’après-2015. Le moment est venu pour Cuba et les États-Unis de « se
libérer » d’un différend qui a vu le jour pendant une époque révolue où
la majorité de leur population actuelle n’était même pas née.
Certains États ont voulu
voir « une lumière au bout du tunnel » dans les relations entre les
États-Unis et Cuba. Ont ainsi été cités les assouplissements récents
des États-Unis sur les transferts de fonds et les visites familiales à
Cuba.
La prochaine réunion
plénière de l’Assemblée générale aura lieu demain, mercredi 30 octobre à
partir de 10 heures. Elle sera consacrée à l’élection de membres du
Conseil économique et social (ECOSOC) et du Comité du programme et de la
coordination (CPC).
NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
Rapport du Secrétaire général (A/68/116)
Déclarations
M. DMITRY MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie)
s’est félicité de la présence du Ministre des affaires étrangères de
Cuba, avant de demander la levée immédiate de l’embargo qui perdure
depuis de nombreuses années et malgré les nombreuses résolutions de
l’Assemblée générale. Cet embargo « inacceptable » cause de nombreux
dommages aux Cubains et à leur économie, a-t-il dénoncé, en mettant
aussi en garde contre le fait qu’au plan des relations internationales,
il favorise les confrontations. Le Parlement de la Fédération de
Russie, a souligné le représentant, a dûment condamné l’embargo.
M. PETER THOMSON (Fidji) au nom du Groupe des 77 et la Chine,
a exprimé la profonde préoccupation du Groupe face au blocus imposé
depuis plus d’un demi-siècle à Cuba, un blocus contraire aux principes
de la Charte et au droit international, y compris le droit international
humanitaire. Ce blocus est un grave obstacle au développement
socioéconomique de Cuba et a des conséquences graves pour le peuple
cubain. Les mesures imposées par les États-Unis, de manière
extraterritoriale, ont une incidence négative sur la coopération
régionale, a-t-il ajouté, avant d’appeler de nouveau les États-Unis à y
mettre fin. L’année dernière, a-t-il rappelé, 188 États Membres ont
voté en faveur de la résolution présentée par Cuba, soit une majorité
« écrasante ». Le Groupe des 77 et la Chine appuiera cette année encore
la résolution.
M. JORGE MONTAÑO (Mexique)
a rappelé que depuis 20 ans, son pays a dénoncé l’embargo américain
contre Cuba et s’oppose à toutes mesures de coercitions qui ne
s’appuient pas sur le droit. Pour autant, il s’est félicité des progrès
que Cuba a faits dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour
le développement (OMD) en dépit de l’embargo. Cette situation nuit au
progrès de Cuba, a compati le représentant qui a ajouté que tout type de
sanctions contre un État Membre doit être fondé sur des résolutions du
Conseil de sécurité.
Le Mexique, a-t-il dit,
préconise des relations de confiance entre les États. Lors de sa
récente visite à Cuba, le Ministre des affaires étrangères du Mexique a
reconnu et salué les efforts de Cuba, notamment en matière économique.
Aujourd’hui, le représentant a donc dénoncé l’isolement politique et
économique de Cuba imposé par les États-Unis, et a demandé l’intégration
de Cuba dans les organisations régionales afin de soutenir ses
progrès. Le Mexique votera pour la résolution pour rejeter cet embargo
« lamentable » et en vigueur depuis plus de 50 ans, a conclu le
représentant.
M. EDUARDO GÁLVEZ (Chili), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes
(CELAC) a rappelé que, depuis 1992, l’Assemblée générale adopte chaque
année une résolution qui demande la fin de l’embargo commercial et
économique imposé par les États-Unis à Cuba. Depuis 21 ans, l’organe le
plus démocratique et le plus représentatif du système des Nations
Unies, l’Assemblée générale, renouvelle cette demande. En 2012,
l’Assemblée générale a ainsi adopté à une majorité écrasante la
résolution 67/4. Aujourd’hui, nous examinons de nouveau la même
question. La CELAC, a dit le représentant, estime que le blocus
économique, commercial et financier imposé à Cuba est contraire à la
lettre, à l’esprit et aux buts de la Charte ainsi qu’au droit
international. Les États Membres doivent aligner leur comportement
national et international sur les principes et obligations de la Charte.
La CELAC rappelle certains de ces principes: l’égalité souveraine des
États, la non-intervention et la non-ingérence dans les affaires
intérieures, la liberté du commerce et de navigation et le principe de
règlement pacifique des différends.
Or aujourd’hui, a dénoncé
le représentant, l’embargo imposé en 1959 s’est transformé en un système
strict de mesures unilatérales qui causent de grandes pertes
économiques au peuple cubain. La CELAC exprime sa vive préoccupation
face au renforcement de la dimension extraterritoriale de l’embargo,
notamment la loi Helms-Burton, et face à
cette manière de contrer par tous les moyens les transactions
financières de Cuba, ce qui va à l’encontre de la volonté politique de
la communauté internationale. Lors de son dernier Sommet, en janvier
2013, la CELAC a demandé la levée du blocus et la fin de l’application
de la loi Helms-Burton. La CELAC, a
souligné le représentant, appuie la résolution présentée aujourd’hui,
insiste sur l’incohérence des mesures unilatérales coercitives qui ne
sont pas conformes au droit international et aux principes de la Charte,
et demande le respect de la souveraineté de Cuba.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) intervenant au nom du Mouvement des non-alignés,
a fait observer qu’une majorité écrasante d’États Membres réclame la
levée du blocus imposé à Cuba. Il a dit être préoccupé par la
multiplication des mesures extraterritoriales et par les mesures qui
viennent d’être prises pour resserrer encore l’embargo. Les sanctions
imposées par les États-Unis représentent un embargo extraterritorial qui
entrave les relations entre Cuba et les autres États, et nuit aux
relations commerciales internationales. Ces initiatives sont
caractéristiques d’une époque où l’anarchie prévalait, a-t-il lancé,
avant d’appeler les États-Unis à respecter les dispositions des
21 résolutions adoptées, année après année, par l’Assemblée générale.
M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie), au nom du Groupe des États d’Afrique,
a rappelé que l’Assemblée générale a adopté depuis plus de 20 ans des
résolutions contre l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.
Malheureusement, elles n’ont jamais été mises en œuvre, a regretté le
représentant, et l’embargo continue de causer inutilement du tort à Cuba
et à son peuple. Dans le monde d’aujourd’hui, a encore ajouté le
représentant, le dialogue et les négociations restent le seul moyen de
résoudre de manière pacifique les différends entre les États. À ce
titre, l’Afrique espère que les États-Unis mettront fin à cet embargo.
Elle espère aussi que les relations entre les deux pays s’en trouveront
améliorées de façon significative. Une telle éventualité contribuera à
promouvoir la stabilité et le développement dans la région, a justifié
le représentant qui a tenu à rappeler que le 26 mai 2013, les dirigeants
africains ont demandé au Gouvernement des États-Unis de lever
l’embargo. Les États-Unis devront entendre cette position pour créer un
nouveau chapitre dans leurs relations avec Cuba, a-t-il plaidé.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti), intervenant au nom de l’Organisation de la coopération islamique
(OCI), a insisté sur le fait que les mesures unilatérales qui sont
appliquées dans le cadre de l’embargo imposé à Cuba ont un effet
délétère sur de nombreuses entreprises qui entretiennent des liens
commerciaux avec Cuba, en vertu du droit international. Cette
situation, a-t-il ajouté, a un grave impact économique et commercial
pour ce pays. La normalisation des relations entre les États-Unis et
Cuba n’a que trop tardé et la situation actuelle est « intenable ».
L’embargo, a insisté le représentant, est un anachronisme qui ne saurait
se justifier, tant sur le plan politique que sur le plan moral, et
encore moins dans le contexte de la coopération internationale.
M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), s’exprimant d’abord au nom du Marché commun du Sud
(MERCOSUR), a estimé que le blocus contre Cuba viole les principes de
la Charte et le droit international et constitue une violation du droit à
la paix, à la sécurité et au développement des États souverains. Le
blocus est aussi contraire aux règles de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC). Il limite et retarde les progrès économiques et
sociaux, y compris la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD). Le MERCOSUR rejette par principe les mesures
unilatérales et leurs effets extraterritoriaux et condamne les mesures
de coercition. Le MERCOSUR réaffirme son attachement au
multilatéralisme et son soutien à la résolution.
Reprenant son rôle de
représentant du Venezuela, il a condamné le blocus, ajoutant que ses
effets extraterritoriaux violent le droit commercial international. Ce
blocus illégal n’a pas empêché la solidarité entre les peuples et
notamment avec le peuple du Venezuela, s’est-il réjoui. Cuba et le
Venezuela ont conclu, il y a 13 ans, un accord dans le domaine de la
santé qui a contribué à améliorer les services de santé vénézuéliens.
Le Venezuela juge particulièrement « inique » le fait que le
Gouvernement des États-Unis châtie le peuple cubain pour faire plier son
Gouvernement. Doutant que ce soit là la volonté du peuple
nord-américain, le représentant a dit souscrire « avec enthousiasme » à
la résolution.
M. DELANO FRANK BART (Saint-Kitts-et-Nevis) intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM),
a affirmé que la sécurité et le rythme de redressement de Cuba sont
gravement mis à mal par les effets directs et indirects de l’embargo.
Compte tenu de la générosité de Cuba envers d’autres États qui se
trouvaient dans le besoin, l’application unilatérale de l’embargo est
particulièrement détestable, a-t-il dit. Le représentant a salué le
fait qu’en dépit de ces défis, Cuba continue d’être un partenaire et un
acteur régional et international important. Il s’est félicité des
programmes de coopération élaborés avec Cuba au sein de la CARICOM, qui
porte sur les sciences naturelles et la médecine, par exemple. M. Bart a
également fait savoir que Cuba a construit de nombreux hôpitaux dans
les Caraïbes et que des étudiants de la région ont pu être inscrits
gratuitement dans les universités cubaines. Il a appelé la communauté
internationale à réclamer la levée de l’embargo.
M. MOHAMMED ADEEB (Inde)
a aussi rappelé que c’est la vingt-deuxième fois que l’Assemblée
générale délibère sur l’embargo économique, commercial et financier
imposé à Cuba par les États-Unis. Toutes ces années, l’Assemblée
générale a rejeté l’imposition de lois et règles ayant un impact
extraterritorial et toutes formes de mesures coercitives qui
hypothèquent le progrès et la prospérité d’autres peuples dans le
monde. Le représentant a regretté que ces appels et recommandations ne
fussent pas suivis d’effets. Un tel mépris de la volonté de la
communauté internationale porte un coup à la crédibilité des Nations
Unies et affaiblit le multilatéralisme, a-t-il dénoncé.
L’Inde rejette
catégoriquement l’imposition de lois nationales à effet
extraterritorial, a précisé le représentant d’autant que l’embargo
imposé à Cuba a causé d’immenses souffrances au peuple cubain alors
qu’il s’agit d’une violation de la souveraineté d’un État, une violation
de son droit au développement, de sa liberté d’entreprendre et de
naviguer. Le caractère extraterritorial de cet embargo a découragé les
investissements, le transfert de technologies et toutes autres formes de
coopération entre Cuba et les pays tiers, a dénoncé le représentant.
Il a ajouté que diverses organisations internationales comme la FAO, le
PNUD ou encore la CARICOM ont souligné les impacts négatifs de cet
embargo. Les différends entre pays, a-t-il tancé, doivent être résolus
par le dialogue et les négociations, dans le respect des principes
d’indépendance et de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires
internes des États.
M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur)
a fait savoir que la Constitution de son pays condamne l’ingérence dans
les affaires intérieures d’un État, avant de rejeté la loi Helms-Burton,
« essence même du blocus immoral contre la République sœur de Cuba ».
Il s’est dit troublé de constater que l’on débat du programme de
développement pour l’après-2015, dans le contexte d’un blocus aux effets
délétères sur l’économie cubaine. Il a fait part de sa frustration de
voir que les États-Unis restent sourds à un appel lancé, tous les ans,
depuis 22 ans.
M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte),
a affirmé que les États-Unis violent depuis 53 ans l’« objectif noble »
des Nations Unies en imposant un embargo unilatéral à l’encontre de
Cuba. Il a dit être troublé de constater que malgré le rejet quasi
unanime de l’embargo par les États Membres, « ses vis continuent d’être
serrées ». Le représentant a insisté sur les dommages causés par
l’embargo à l’économie cubaine. M. Khalil a regretté que les paroles
encourageantes de l’administration américaine n’aient pas été traduites
en actions. « Termina el bloqueo ahora », a-t-il lancé en espagnol.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie)
a dénoncé le fait que les États-Unis imposent de manière unilatérale un
embargo injuste et illégitime à Cuba et s’est inquiété de son impact
sur, entre autres, le développement, la santé et les investissements
étrangers. Le représentant a affirmé que le maintien de ce blocus
illustre le comportement des États-Unis dans le monde et a vivement
dénoncé « cette plaie ouverte qui défigure la famille de l’humanité
toute entière », en violant notamment le principe de souveraineté. Il a
brandi une copie de l’ensemble des résolutions réclamant la levée de
l’embargo, en promettant que sa délégation votera une fois de plus pour y
mettre fin. « Que viva Cuba! », a-t-il lancé, avant de conclure.
M. WANG MIN (Chine)
a rappelé à son tour que depuis 22 ans, l’Assemblée générale a adopté
des résolutions contre cet embargo. Malheureusement, ces résolutions
n’ont jamais été mises en œuvre et les États-Unis continuent de prendre
des mesures contre Cuba, a dénoncé le représentant. Les chiffres sont
pourtant éloquents, a-t-il expliqué, puisqu’en avril 2013, l’embargo a
causé une perte économique directe de 1,175 milliard de dollars à Cuba.
Il est clair que cet embargo est un obstacle au développement
économique qui l’empêche Cuba de réaliser les OMD. L’embargo viole
aussi les droits de l’homme de Cuba, notamment le droit à l’éducation et
à la santé et a des impacts négatifs sur les relations entre Cuba et
les pays tiers, a poursuivi le représentant pour qui il s’agit d’une
violation flagrante des valeurs de la Charte des Nations Unies. Il a
indiqué que le Gouvernement chinois est opposé à toute sanction
unilatérale contre des pays tiers. Respectueux du droit international
et des résolutions de l’Assemblée générale, la Chine et Cuba ont
maintenu des relations commerciales et économiques, a dit le
représentant, qui a rappelé que le dialogue et les négociations restent
les seules voies pour résoudre les différends.
M. DESRA PERCAYA (Indonésie)
a affirmé que le maintien de l’embargo contre Cuba viole le principe de
l’égalité souveraine entre États. Ces sanctions ont eu un impact
indirect sur les pays qui entretiennent des liens économiques et
commerciaux avec Cuba. Leur impact délétère sur les plans économique,
commercial et financier ne saurait être justifié du point de vue
humanitaire, a estimé M. Percaya, avant de
souligner que le moment est venu de transformer les relations entre les
deux parties en un dialogue constructif. Alors que le climat
international est marqué par la coopération, a-t-il ajouté, l’embargo
est devenu une politique anachronique. Il faut le lever immédiatement,
a-t-il martelé.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie)
a réitéré le fait que l’adoption quasi unanime et annuelle par
l’Assemblée générale de résolutions contre l’embargo imposé à Cuba,
reflète la profonde détermination de la communauté internationale à
mettre fin à cette situation. À travers ces résolutions, la communauté
internationale réaffirme que Cuba a le droit à la liberté de commercer
et d’échanger avec d’autres partenaires. Pour sa part, l’Algérie a
toujours condamné cet embargo qui contredit les objectifs et les
principes de la Charte des Nations Unies. Le représentant a dénoncé les
effets négatifs de l’embargo sur le peuple et sur le développement de
Cuba. Il a rappelé la position du Mouvement des non-alignés et du
Groupe des 77 et de la Chine contre cet embargo.
M. WALUBITA IMAKANDO (Zambie)
a dit être préoccupé par le fait que l’Assemblée générale débat depuis
plus de 20 ans d’une question qui jouit d’une majorité écrasante.
L’embargo n’a pas sa place dans ce XXIe siècle, ni de rôle à
jouer alors que la communauté internationale s’apprête à « préparer le
terrain » du programme de développement pour l’après-2015. Le moment
est venu pour Cuba et les États-Unis de « se libérer » d’un différend
qui a vu le jour pendant une époque révolue où la majorité de leur
population actuelle n’était même pas née.
M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam)
a constaté que l’embargo imposé à Cuba a eu des implications
significatives sur les relations internationales et les principes
fondamentaux de la Charte. Il a insisté sur la nécessité de résoudre
les différends entre les États par le dialogue et les négociations. Il a
également évoqué les « dégâts énormes » causés par l’embargo au
développement socioéconomique de Cuba et au bien-être de sa population,
les femmes et les enfants en particulier. Il a estimé que cet obstacle
doit être retiré dans ce contexte de promotion des OMD.
M. ANTONIO PATRIOTA (Brésil)
a réaffirmé son opposition à l’embargo et à l’application de lois
nationales à effet extraterritorial. En tant que pays fondateur de
l’ONU, le Brésil exhorte les gouvernements à rester attachés à la
démocratie et aux valeurs de la Charte dans les relations
internationales. L’impact de cet embargo est « inacceptable » car il
fait aussi des victimes humaines, a expliqué le représentant qui a
dénoncé le fait que son pays avait dû attendre l’autorisation des
États-Unis pour débloquer une aide de 100 000 dollars aux Cubains après
le passage de la tempête Sandy, l’année dernière. Il a souligné « le
consensus » qui existe en Amérique latine et dans les Caraïbes sur le
fait qu’« il n’y a pas d’Amérique sans Cuba ».
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a réaffirmé la nécessité de mettre fin à cet embargo car il est « inacceptable » qu’au XXIe
siècle, une décision unilatérale prive d’autres pays de jouir des
libertés fondamentales et d’exercer librement leurs droits politiques,
économiques et commerciaux. L’Angola dénonce le fait que l’embargo
perdure après les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale. Cet
embargo est une manifestation claire du manque de volonté politique. Il
est « anachronique et inamical ».
M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud)
a affirmé que le maintien du blocus est un mépris du droit
international et qu’il va à l’encontre des principes de la Charte. Il a
vu dans ce maintien une tentative d’empêcher Cuba de décider librement
de son système de gouvernement politique. Il s’est inquiété du fait que
le blocus freine le développement économique et les activités
commerciales de Cuba, faisant notamment observer que de nombreuses
entreprises hésitent à tisser des liens commerciaux avec Cuba par
crainte de souffrir des représailles.
Présentant le projet de résolution A/68/L.6, M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA, Ministres des affaires étrangères de Cuba, a illustré le blocus par les contraintes imposées à la fourniture de quelque équipement que ce soit au Centre William Soler de La Havane, spécialisé en cardiologie et en cardiochirurgie
pédiatrique. Un long questionnaire est imposé pour s’assurer que le
matériel ne servira pas à la production d’armes nucléaires, chimiques ou
biologiques ou encore de missiles. En conséquence, les enfants cubains
sont privés de la technologie « Amplatzer »,
des médicaments contre les insuffisances cardiaques ou des
antibiotiques de dernière génération. Les enfants sont donc condamnés à
subir des opérations thoraciques qui auraient pu être évitées. Les 102
enfants qui souffrent d’hypertension pulmonaire n’ont pas accès à
l’oxyde nitrique, l’une des meilleures thérapies disponibles. Le
Ministre a donné plusieurs autres exemples d’hôpitaux qui ne peuvent
acheter ni remplacer certains équipements.
Les dommages causés par le
blocus sont « incalculables », a affirmé le Ministre, qui a rappelé que
le blocus est qualifié d’acte de génocide dans la Convention de 1948
sur le génocide et d’acte de guerre dans la Déclaration de 1909 sur le
droit de la guerre maritime. Il a également accusé le Département
d’État américain de mentir et de manipuler les données sur les
transferts de fonds et les dons limités des ONG à Cuba. Les États-Unis
entravent l’aide, tout en se présentant comme un pourvoyeur d’aide
humanitaire à la nation cubaine. En fait, 50 ans plus tard, le
Gouvernement des États-Unis continue d’appliquer une politique définie
par un mémorandum de 1960 qui vise à affaiblir l’économie cubaine et à
aliéner ainsi le soutien du peuple cubain à ses dirigeants. Cette
constance a quelque chose « d’extraordinaire et de barbare ».
Les dégâts accumulés depuis plus d’un demi-siècle, atteignent 1 126 milliards de dollars, a affirmé M. Parilla,
qui a énuméré les résultats obtenus malgré tout par Cuba en matière
d’éradication de la faim et de la pauvreté, ou encore dans les domaines
de la santé et de l’éducation. Il a ajouté que les mêmes progrès
s’appliquent à la promotion de la femme, au consensus social ou à la
démocratie participative, à la lutte contre la détérioration de
l’environnement et à la coopération internationale avec une centaine
d’États dans le monde.
Ce blocus a été encore renforcé sous la présidence de M. Barack Obama, particulièrement dans le secteur financier, a déclaré M. Parilla,
qui a ajouté que les États-Unis avaient utilisé l’énorme capacité
technologique de leur système d’espionnage massif, dénoncé récemment,
pour persécuter et contrôler les transactions financières et les
relations économiques de Cuba. Entre janvier 2009 et septembre 2013,
les amendes imposées à 30 entités américaines et étrangères pour leurs
relations avec Cuba ont atteint 2,446 milliards de dollars, a affirmé
M. Parilla. Le blocus économique s’est resserré et se ressent sur les conditions de vie des familles cubaines.
Notre petite île ne
présente aucune menace à la sécurité nationale d’une superpuissance, a
affirmé le Ministre. Pourquoi alors les Nord-Américains ne peuvent-ils
avoir accès à des produits cubains de première qualité? Pourquoi les
hommes d’affaires américains n’ont-ils pas accès aux opportunités
économiques que présente Cuba? Il ne s’agit pas là d’une question
bilatérale, a affirmé M. Parilla, qui a
rappelé la nature extraterritoriale du blocus unilatéral, auquel il doit
être mis fin unilatéralement. Certes, les États-Unis ont autorisé sur
certains échanges mais ils restent très limités et les citoyens
américains ne peuvent pas se rendre à Cuba. L’émigration cubaine reste
l’objet de fortes restrictions aux États-Unis, qui continuent en
revanche à encourager une émigration illégale et peu sûre et la
contrebande, qui provoque des pertes en vies humaines. Les flux
d’informations sont très limités, a encore dénoncé le Ministre qui a
qualifié d’« inculte » le blocus américain.
Le Président Obama,
a-t-il dit, pourrait utiliser ses grands pouvoirs constitutionnels sans
même passer par le Congrès, pour pratiquer une politique de
changement. N’a-t-il pas été élu pour pratiquer une telle politique,
plutôt que de continuer une politique qui échoue depuis 50 ans? s’est
interrogé le Ministre. Pourquoi ne pas accepter Cuba comme une nation
souveraine et indépendante et renoncer de manière pragmatique à une
obsession idéologique? M. Parilla n’a pas manqué d’accuser les États-Unis d’abriter le terroriste Luis Posada Carriles
tout en maintenant en prison cinq Cubains « combattants
antiterroristes » qui pourraient être libérés dans le cadre d’un geste
humanitaire.
Les bases de la politique
américaine contre Cuba restent ancrées dans la guerre froide. Certes,
il existe de grandes différences entre nos Gouvernements mais la seule
manière civilisée de procéder consisterait à nous reconnaître comme des
États différents mais voisins, a déclaré M. Parilla.
Le Ministre a rappelé la disposition de son pays à établir un dialogue
« sérieux et constructif » dans le respect de la pleine indépendance de
Cuba et du droit de son peuple à choisir son modèle politique et
économique. La récente reprise des discussions sur la migration, le
rétablissement d’un service postal direct et le développement de
contacts sur d’autres questions d’intérêt commun comme la lutte contre
les marées noires et les opérations de recherche et de secours en mer
témoignent que de telles relations sont possibles et utiles. Le
Ministre a conclu en demandant aux États de voter pour la résolution.
Explications de vote
Le représentant des États-Unis
a assuré que son gouvernement appuie le désir de la population cubaine
de déterminer son propre avenir et a accusé le Gouvernement cubain
d’entraver cette aspiration. Il a expliqué que la politique de
sanctions qui est appliquée par les États-Unis est une « mesure
d’encouragement » en faveur du respect des droits civils et humains. Il
a appelé les États Membres qui appuient le peuple cubain à s’opposer à
la résolution.
Le représentant a argué
que les citoyens américains qui se rendent à Cuba pour des « raisons
justifiées » sont les meilleurs ambassadeurs des idéaux démocratiques
des États-Unis. Il a accusé le Gouvernement cubain de se servir de la
résolution comme excuse pour justifier la situation économique actuelle
de l’île alors que celle-ci, a-t-il soutenu, est le résultat des
politiques économiques que le régime cubain met en œuvre depuis plus
d’une demi-siècle. Des politiques qui ont créé « un des systèmes
économiques les plus fermés au monde ». Il est insensé de penser que
l’économie de Cuba puisse éclore sans respect des droits de priorité
intellectuelle, sans accès à l’Internet et sans des mesures
macroéconomiques saines, a-t-il ajouté.
Le représentant a fait
savoir qu’en 2012, plus de 2 milliards de dollars et plus ont transité
vers Cuba. Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont le plus grand
fournisseur de produits alimentaires et agricoles de l’île où ils ont
exporté 465 millions de dollars de produits agricoles et d’équipements
médicaux, y compris l’aide humanitaire. Le Gouvernement cubain a
lui-même reconnu que les États-Unis sont un de ses principaux
partenaires commerciaux, a-t-il ajouté, avant de se féliciter du fait
que les entreprises américaines sont en première ligne pour coopérer
avec Cuba « tout en respectant le programme de sanctions de leur
Gouvernement ».
Le représentant a insisté
sur l’importance pour la population cubaine de recevoir des informations
librement et appuyé l’aspiration de cette dernière à naviguer sur
Internet. Or, le Gouvernement cubain continue d’imposer sa politique
d’isolement, en rejetant la faute sur le blocus.
Le représentant a réclamé
la libération de l’Américain Alan Gross qui a été, a-t-il expliqué,
condamné par les autorités cubaines à 15 ans de prison pour avoir
cherché à faciliter l’accès de la « petite communauté juive de Cuba » à
Internet. Le représentant a aussi condamné le fait que le Gouvernement
cubain entrave toute forme de journalisme indépendant et qu’il empêche,
« malgré l’adoption récente de certaines réformes », certains citoyens
cubains de quitter le territoire. Il a aussi dénoncé la violence
policière à l’encontre des « Dames en blanc » qui manifestent pour la
libération des prisonniers politiques. Cette résolution, a-t-il
enchaîné, ne sert qu’à détourner l’attention des véritables problèmes
auxquels fait face la population cubaine et c’est pour cette raison que
les États-Unis s’y opposeront.
La représentante du Nicaragua
a salué l’intervention du Ministre des affaires étrangères de Cuba sur
un embargo qui est le principal obstacle au développement de Cuba et qui
cause des dommages sur tous les aspects de la vie des Cubains. Nous ne
comprenons pas l’insistance des États-Unis à poursuivre cette
politique, s’est-elle étonnée. Il s’agit d’une politique indéfendable
et immorale. Chaque jour, a-t-elle insisté, des ONG, des chercheurs et
autres dans toute l’Amérique, y compris aux États-Unis, demandent la
levée de cet embargo. Les États-Unis ne feront jamais plier le peuple
de Cuba, a prévenu la représentante, en espérant que l’administration
américaine réexamine sa position, ce qui devrait conduire à la
restitution des territoires occupés de Guantanamo et à la libération des
cinq Cubains. Ici, a-t-elle tranché, les États-Unis n’ont aucun allié
et apparaissent comme l’obstacle à une résolution de l’Assemblée
générale.
La représentante de la Lituanie, au nom de l’Union européenne,
a déclaré que la politique commerciale des États-Unis à l’égard de Cuba
est par essence une question bilatérale. Néanmoins, la législation des
États-Unis, notamment la loi de 1992 sur la démocratie à Cuba et la loi
Helms-Burton de 1996, ont étendu les effets
de l’embargo américain à des parties tierces. L’Union européenne s’est
toujours opposée à cette dimension extraterritoriale. Elle apprécie la
décision du Gouvernement des États-Unis de lever les restrictions sur
les transferts d’argent et les voyages familiaux vers Cuba mais ne peut
accepter que des mesures imposées unilatéralement entravent ses
relations commerciales avec Cuba. À cette fin, le Conseil des ministres
de l’Union européenne a adopté en 1996 une action commune pour protéger
les intérêts des personnes physiques ou morales résidant en Europe
contre les conséquences de la législation américaine.
La politique commune de
l’Union européenne envers Cuba a été décidée en 1996, a souligné la
représentante. L’Union européenne a levé ses mesures restrictives
contre Cuba et a repris sans condition le dialogue avec La Havane.
L’Union européenne réitère son appel à Cuba pour qu’il accorde à ses
propres citoyens les droits et libertés politiques, économiques, sociaux
et culturels internationalement reconnus et pour qu’il ratifie les deux
Pactes des Nations Unies sur les droits civils et politiques et sur les
droits économiques, sociaux et culturels. Après la visite du
Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, l’Union européenne
appelle Cuba à inviter d’autres rapporteurs spéciaux.
L’Union européenne, a
poursuivi la représentante, salue l’adoption d’une nouvelle loi sur la
migration comme un pas important du Gouvernement cubain en faveur de la
liberté de mouvement. Elle estime que les restrictions encore imposées
par le Gouvernement de Cuba à sa population sapent les succès du pays en
matière d’éducation et de santé. De même, la politique économique de
Cuba nuit gravement à son propre développement. L’Union européenne
espère que la série de réformes économiques et sociales adoptées en 2011
par Cuba sera étendue et appliquée de manière à répondre aux problèmes
de la population. L’embargo imposé par les États-Unis contribue aux
difficultés du peuple cubain et sa levée faciliterait l’ouverture de
l’économie cubaine pour l’intérêt du peuple cubain, a souligné la
représentante. L’Union européenne réitère son rejet de toute mesure
unilatérale dirigée contre Cuba contraire aux règles communément
acceptées du commerce international. C’est pourquoi, malgré toutes ses
préoccupations relatives à la situation des droits de l’homme à Cuba,
l’Union européenne a appuyé la résolution.
La représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines a rappelé que lors de son premier discours à l’ONU, en 2009, le Président Obama
avait notamment affirmé qu’aucune nation ne devait chercher à dominer
une autre et que les clivages de la guerre froide ne font plus sens.
Elle a également fait observer que la résolution qui réclame la levée
de l’embargo jouit d’un appui quasi unanime depuis des années et qu’il
n’existe aucun autre exemple où la communauté internationale s’est
exprimée d’une manière aussi « accablante et constante ». Elle a
formulé l’espoir que l’esprit et l’action des États-Unis changeront.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée
(RPDC) a dit que cet embargo imposé à Cuba est un legs de la guerre
froide pour renverser le système social de Cuba et le transformer en
arrière-cour des États-Unis. Non content de l’embargo, le Congrès
américain a voté une loi pénalisant les pays ayant des relations avec
Cuba, a rappelé le représentant, alors qu’il s’agit pourtant d’une
violation des principes de la Charte des Nations Unies. La levée de
l’embargo est une exigence unanime des États Membres, a-t-il réitéré,
avant de condamner les États-Unis et d’exiger l’application immédiate de
la résolution.
Le représentant de la République-Unie de Tanzanie
a déclaré que les sanctions imposées contre Cuba et son peuple depuis
plus de 50 ans n’ont pas eu les effets escomptés. C’est pourquoi la
Tanzanie appelle ses amis des États-Unis à y mettre fin. Les seuls
effets évidents de 50 ans de sanctions ont été de priver les Cubains de
leurs droits élémentaires au développement et au bonheur. La levée des
sanctions aurait des effets positifs évidents tant pour Cuba que pour
les États-Unis. La Tanzanie voit toutefois une lumière au bout du
tunnel et est encouragée par les mesures prises par les États-Unis
depuis 2009, telles que la levée des restrictions aux voyages familiaux
et aux transferts de fonds vers Cuba ou encore l’augmentation des
exportations à caractère humanitaire. Comme l’a dit le Président George
W. Bush en 2002, le commerce est le meilleur moyen d’encourager des
sociétés plus ouvertes. Mettre fin à l’embargo américain contre Cuba
constituerait une grande victoire pour les valeurs que nous cherchons à
renforcer ensemble et qui sont inscrites dans la Charte des Nations
Unies.
La représentante de l’Argentine
a expliqué le vote positif de son pays comme la réaffirmation du refus
d’une mesure unilatérale illégale et illégitime. Le blocus a bien un
objectif politique à l’encontre de Cuba et du libre choix de son
Gouvernement. Les Gouvernements américains ont, selon les époques, mis
en avant, devant l’opinion publique, une variété d’arguments pour
justifier le blocus, mais les documents des différentes administrations
américaines montrent la raison réelle de ce blocus: augmenter le
désarroi du peuple cubain et transformer son désespoir en opposition au
Gouvernement. Le projet a échoué, a tranché la représentante et le
blocus n’a fait que multiplier les différends. Il est contraire au
droit international et à la Charte et empêche un peuple libre d’avoir
accès à un minimum de biens. L’exercice disproportionné du pouvoir
économique d’une nation contre une nation plus faible est incompatible
avec le libre échange. Cuba souffre d’une agression unilatérale et il
revient au multilatéralisme de défendre la démocratie réelle. La
liberté n’est pas seulement celle du marché, a dit la représentante en
réaffirmant sa solidarité avec Cuba et en appuyant la résolution.
Le représentant des Îles Salomon
a déclaré que, ces 22 dernières années, le monde a appelé les
États-Unis à mettre fin au blocus contre Cuba, qui a entravé le
développement économique. Le monde change vite, respectons le droit de
chaque État à adopter son propre système politique et débarrassons-nous
de l’unilatéralisme, a-t-il dit. Les Îles Salomon continuent de
développer leurs relations tant avec les États-Unis qu’avec Cuba et en
appellent à la pleine mise en œuvre de la résolution adoptée
aujourd’hui.
Le représentant du Bélarus
a déclaré que la grande majorité des États viennent aujourd’hui encore
d’envoyer un message clair pour la levée du blocus qui ne participe pas
d’une manière civilisée de régler les problèmes dans les relations
internationales. Le Bélarus est favorable
au droit inaliénable des peuples de définir leur propre mode de
développement et les pressions d’un État pour les obliger à changer ce
mode sont tout simplement « inacceptables ». Le Bélarus est fier de soutenir le peuple frère de Cuba et de voter pour la résolution.
Le représentant du Zimbabwe
a fait part de la profonde préoccupation que lui inspire le maintien de
l’embargo qui entrave le droit de Cuba au développement. Toutes les
explications justifiant son maintien sont « indéfendables et
hypocrites », a-t-il tranché, en dénonçant les tentatives d’imposer des
sanctions aux pays en développement qui, a-t-il affirmé, cherchent à
établir leurs propres stratégies de développement. Cet embargo est en
outre contraire aux règles commerciales multilatérales.
Son homologue de la République arabe syrienne
a vu dans l’embargo un précédent « inacceptable » qui place les
États-Unis en opposition directe avec l’appel universel à sa levée. Il a
dénoncé le fait que l’embargo ait entrainé plus de 1 000 milliards de
dollars de pertes pour Cuba. Il a vu dans le fait qu’Israël ait voté
contre cette résolution, la preuve que ce dernier ne respecte pas le
droit international. Il a condamné les mesures coercitives qui ont été
imposées par les États-Unis et l’Union européenne au peuple syrien et a
affirmé que c’était là une violation collective des droits de ce peuple.
La représentante d’El Salvador
a expliqué son vote positif par le fait que le blocus est un vestige du
passé. Le peuple frère de Cuba a le droit, comme tous les peuples du
monde, à un développement économique et social servi par une pleine
intégration dans la communauté internationale. La portée
extraterritoriale de la loi américaine outrepasse les principes des
relations commerciales internationales, ceux de la Charte et de
nombreuses autres organisations internationales. La cause cubaine est
une cause juste et l’anachronisme du XXe siècle que représente le blocus doit disparaître.
Le représentant du Myanmar
a déclaré que son pays s’était toujours efforcé de promouvoir
l’intégrité territoriale et l’égalité souveraine des États. Le Myanmar,
qui a subi dans le passé des pressions comparables à celles que
continue de subir Cuba, est opposé aux pressions économiques exercées
sur un État membre du Groupe des 77 et la Chine, pour concrétiser des
visées politiques. Le dialogue est indispensable pour la compréhension
mutuelle entre les peuples et c’est pour cette raison que le Myanmar a
voté en faveur de la résolution.
Le représentant de la République démocratique populaire lao
a souligné que le blocus est une violation du droit international et du
droit d’un État souverain à la paix, au développement et à la
sécurité. Il a estimé que n’importe quel État Membre doit pouvoir
participer librement au système économique et commercial international
et choisir son propre système politique et de développement. Cuba doit
recouvrer son droit légitime de participer à l’économie mondiale, a-t-il
insisté.
Le représentant du Soudan
a souligné que l’organe le plus représentatif des Nations Unies n’a
cessé de demander la levée du blocus unilatérale. Il a déploré que cet
appel soit vain et a rappelé que son pays est également victime d’un
blocus unilatéral imposé par les États-Unis qui, a-t-il avancé, ont
alimenté le conflit au Soudan. Dans le cadre d’un embargo, tout est
hors de portée, que ce soit les ressources ou les pièces détachées. Le
représentant a appelé le Secrétaire général à rejeter toutes mesures
susceptibles de compromettre les relations internationales, soulignant
que l’embargo empêche aussi des chefs d’État de prendre part aux travaux
de l’ONU, faute de visas.
Le représentant de l’Uruguay
a réclamé la levée des mesures unilatérales coercitives, y voyant une
forme de pression pour qu’il n’y ait pas de dialogue entre les parties.
Droit de réponse
Le Ministre des affaires étrangères de Cuba
a accusé le représentant américain de mentir quand il prétend que les
États-Unis, par leurs sanctions, veulent promouvoir les droits de
l’homme à Cuba. Il a répété que le blocus constitue un acte de génocide
et a nié aux États-Unis tout droit moral de s’ériger en accusateur.
Les États-Unis recourent à la torture et aux assassinats par les
drones. Ils ont torpillé la Commission des droits de l’homme et
boycottent aujourd’hui le Conseil des droits de l’homme. Les
États-Unis, a encore accusé le Ministre, mentent quand ils prétendent
fournir du matériel médical à Cuba. Où sont les preuves? Car, si était
vrai, a dit le Ministre, pourquoi les États-Unis empêchent-ils les
livraisons de matériel médical à Cuba et pourquoi entravent-ils le droit
à l’information? Les États-Unis, a insisté le Ministre, mentent quand
ils prétendent fournir une assistance humanitaire à Cuba, alors qu’il
s’agit d’activités de subversion de l’USAID. La vraie aide humanitaire
est entravée. Les États-Unis, a conclu le Ministre, empêchent leurs
ressortissants de se rendre à Cuba. Ils préfèrent y envoyer des
saboteurs. Les choix économiques relèvent de la souveraineté de Cuba et
ce qu’en pense le Gouvernement des États-Unis ne nous intéresse pas, a
tranché le Ministre.