L’ONG
Terre des Hommes, qui se faisait passer sur Internet pour une fillette
philippine, a annoncé aujourd’hui que plus de 20.000 "prédateurs"
l’avait contactée, prêts à payer pour voir cette enfant de dix ans se
livrer à des actes sexuels par webcam. Plus de mille d’entre eux ont été
identifiés.
"Nous avons créé une fille virtuelle de 10 ans, une Philippine" sur
internet, a déclaré le directeur de la branche néerlandaise de Terre des
Hommes, Albert Jaap van Santbrink, au cours d’une conférence de presse à
La Haye. Une image virtuelle de l’enfant a même été conçue.
Dix semaines durant, le temps de l’enquête, plus de 20.000 "prédateurs"
issus de 71 pays différents ont pris contact avec cette "fillette",
baptisée "Sweetie", sur des forums publics de discussions : "ils étaient prêts à payer Sweetie pour qu’elle se livre à des actes sexuels devant sa webcam".
Des prédateurs du monde entier
D’après le rapport de l’ONG, un homme identifié en tant qu’"Older4Young"
assurant avoir 35 ans et être le père de deux enfants, originaire
d’Atlanta, aux Etats-Unis, propose 10 dollars américains à Sweetie,
écrivant : "allume ta webcam, je suis excité".
Parmi ces "prédateurs", plus de 1.000 ont été "facilement"
identifiés. L’ONG a pu retrouver leurs adresses, leurs numéros de
téléphone et des photos d’eux, et a transmis leur identité aux autorités
compétentes, en particulier à Interpol. "Vu que tout cela a lieu sur
internet, ils pensent que personne ne les observe, il a donc été facile
de collecter des informations à leur sujet", a déclaré Hans Guyt,
responsable de l’enquête.
L’ONG souhaite sensibiliser l’opinion publique et les autorités au
phénomène de la prostitution des enfants sur internet et s’est indignée
du nombre réduit de personnes interpellées pour ce qu’elle qualifie de
"tourisme du sexe avec enfant par webcam", seules six dans le monde ces
dernières années, selon elle.
Hans Guyt a ajouté que les "prédateurs" étaient "issus du monde
entier, d’Amérique, d’Europe, mais aussi de pays tels que l’Inde, le
Japon, la Corée du Sud".Terre des Hommes, qui a fait circuler une pétition au niveau mondial, a expliqué avoir transmis son modus operandi aux autorités de différents pays. "Nous avons suivi les procédures utilisées par les forces de police", a soutenu Hans Guyt, expliquant avoir procédé de la sorte pour obtenir des preuves qui pourraient être utilisables : "mais bon, nous ne sommes ni des procureurs, ni des juges, ce sera à eux de décider quoi faire avec les éléments que nous avons transmis".
L’équipe d’enquêteurs de l’ONG était constituée de quatre personnes, dont l’identité a été tenue secrète. "Se mettre dans la peau d’une fillette philippine de dix ans et voir ce que certains hommes veulent de vous a été une expérience choquante pour elles". "Il y avait des demandes et des gestes vraiment obscènes", a-t-il précisé, expliquant que des images vidéos des pédophiles ont été prises pendant les séances de "chat".
750.000 pédophiles pouvaient être simultanément en ligne
Hans Guyt a également assuré que les enquêteurs de l’ONG n’avaient jamais proposé quoi que ce soit aux personnes piégées mais avaient attendu que les demandes soient formulées spontanément, sans être provoquées. De même, ils n’entamaient pas les conversations, ils attendaient d’être contactés.
Terre des Hommes a précisé que les conversations étaient systématiquement arrêtées une fois que les "prédateurs" proposaient de payer pour voir des actes sexuels. "Il est évident que nous n’avons montré aucun acte sexuel à ces gens, on s’arrêtait avant", selon Albert Jaap Van Santbrink.
L’ONG a en outre déclaré, citant des chiffres de l’ONU, que quelque 750.000 pédophiles pouvaient être, simultanément, en ligne sur internet et que, rien qu’aux Philippines, des dizaines de milliers d’enfants étaient victimes de tels "prédateurs" sur internet.
source : lefigaro.fr