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Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Deux ans que l'on n'avait pas vu cela ! L'économie américaine a
progressé de 4,1 % en rythme annualisé au troisième trimestre, selon la
dernière estimation du département du commerce publiée vendredi 20
décembre. C'est un demi-point de mieux que les calculs de la précédente
évaluation. Une révision qui fait de ce trimestre le troisième meilleur
depuis 2006. Cette amélioration de la conjoncture vient à point nommé
pour justifier la décision prise mercredi 18 décembre par la Réserve fédérale américaine (Fed) de réduire légèrement son soutien à l'économie.
La bonne surprise est venue cette fois de la consommation, qui a été meilleure qu'attendue. Celle-ci a progressé à un rythme annuel de 2 %, alors que la précédente estimation tablait sur 1,4 %. L'indicateur est fondamental car il représente environ 70 % de l'activité économique aux Etats-Unis. La révision est due notamment au fait que les Américains ont consommé plus de services comme la santé et la restauration. La demande a été également soutenue par les dépenses en carburant, illustrant la vigoureuse reprise du marché automobile, mais aussi par les ventes de réfrigérateurs.
Au total, sur les 4,6 % de croissance, la consommation a compté pour un tiers. « L'économie américaine a déçu à maintes reprises ces dernières années, la croissance semblait s'établir à un rythme élevé avant de retomber, explique Joseph Lake, analyste chez Economist Intelligence Unit. Cette fois, c'est différent et nous espérons que les Etats-Unis sont partis pour une croissance économique durable au cours des prochains trimestres. »
Cet optimisme est en partie alimenté par l'amélioration de la situation des entreprises. Leurs investissements ont progressé de 4,8 %, contre 3,5 % lors de la précédente estimation, à la faveur d'une hausse de 0,2 % des achats d'équipement. Mais le bond le plus spectaculaire a été enregistré dans les investissements de « propriété intellectuelle », qui reflètent le niveau des dépenses en logiciels, un bon indicateur avancé de la reprise. La progression a été finalement de 5,8 %, contre une première estimation de 1,7 %. En début de semaine, le directeur financier du groupe de technologies Honeywell a souligné lors d'une conférence téléphonique que les indicateurs économiques « ne montrent pas de signes d'exubérance », mais une « résilience et une croissance régulière » de l'économie américaine
BÉNÉFICES ET PRODUCTION EN HAUSSE
Un ressenti que les chiffres de la production industrielle pour le mois de novembre, publiés un peu plus tôt dans la semaine, sont venus confirmer. Celle-ci a grimpé de 1,1 %, dépassant ainsi « pour la première fois son sommet d'avant la récession de décembre 2007 », a indiqué lundi la Réserve fédérale, qui a précisé qu'elle se situait « à un niveau supérieur de 21 % à celui de la période difficile de juin 2009 ». Toutefois, le taux d'utilisation des capacités industrielles, lui, reste en retard par rapport à ses niveaux moyens d'avant-crise.
Ce ressenti d'amélioration se retrouve dans les chiffres publiés vendredi par le département du commerce, qui indique que les bénéfices avant impôt des entreprises ont progressé au troisième trimestre de 5,7 % par rapport à la même période de 2012.
Ces bonnes nouvelles font regarder sous un autre angle ce qui constitue l'essentiel de la croissance de ce troisième trimestre, à savoir le gonflement des stocks des entreprises à des niveaux inédits. Ceux-ci comptent pour plus d'un tiers de la progression du PIB. Or, il y a toujours deux façons de décrypter la progression de cet indicateur : soit les entreprises anticipent un redémarrage de la demande, soit, au contraire, il indique qu'elles ont été trop optimistes – ce qui les contraindrait ensuite à réduire la voilure.
UNE CROISSANCE ENTRE 2 ET 3 % L'AN PROCHAIN
L'amélioration des dépenses de consommation pourrait laisser croire que la première hypothèse, la plus optimiste, est la bonne, même s'il est encore trop tôt pour le dire. Toutefois, la plupart des économistes s'attendent à ce que le rythme de croissance au quatrième trimestre retombe légèrement. Même si JPMorgan Chase a relevé ses prévisions à la suite de ce troisième trimestre en fanfare, la banque voit le PIB ne progresser que de 2 % entre octobre et décembre, Barclays étant un peu plus optimiste à 2,3 %.
La question est de savoir si la dynamique de croissance est désormais enclenchée. « L'essentiel de l'accélération de la croissance en 2014 viendra de la fiscalité », prévoit Mohit Mittal, gestionnaire de portefeuille chez Pimco, le plus gros fonds obligataire du monde. Celui-ci rappelle qu'entre les coupes budgétaires, l'expiration d'un certain nombre de réductions d'impôts et la réforme du système de santé, le PIB américain a été amputé de 1,3 point en 2013. Des effets qui devraient s'atténuer l'an prochain de l'ordre de 0,7 % – ce qui devrait, de façon mécanique, stimuler la croissance que M. Mittal situe dans une fourchette située entre 2,25 % et 2,75 %. La Fed, elle, a donné en début de semaine une fourchette de 2,8 % et 3,2 %. Pour autant, l'économie américaine n'a pas encore recouvré tout son potentiel de croissance, avec un chômage à 7 % et une inflation qui demeure basse, indiquant que les salaires et la consommation restent anémiés.
Stéphane Lauer (New York, correspondant)
La bonne surprise est venue cette fois de la consommation, qui a été meilleure qu'attendue. Celle-ci a progressé à un rythme annuel de 2 %, alors que la précédente estimation tablait sur 1,4 %. L'indicateur est fondamental car il représente environ 70 % de l'activité économique aux Etats-Unis. La révision est due notamment au fait que les Américains ont consommé plus de services comme la santé et la restauration. La demande a été également soutenue par les dépenses en carburant, illustrant la vigoureuse reprise du marché automobile, mais aussi par les ventes de réfrigérateurs.
Au total, sur les 4,6 % de croissance, la consommation a compté pour un tiers. « L'économie américaine a déçu à maintes reprises ces dernières années, la croissance semblait s'établir à un rythme élevé avant de retomber, explique Joseph Lake, analyste chez Economist Intelligence Unit. Cette fois, c'est différent et nous espérons que les Etats-Unis sont partis pour une croissance économique durable au cours des prochains trimestres. »
Cet optimisme est en partie alimenté par l'amélioration de la situation des entreprises. Leurs investissements ont progressé de 4,8 %, contre 3,5 % lors de la précédente estimation, à la faveur d'une hausse de 0,2 % des achats d'équipement. Mais le bond le plus spectaculaire a été enregistré dans les investissements de « propriété intellectuelle », qui reflètent le niveau des dépenses en logiciels, un bon indicateur avancé de la reprise. La progression a été finalement de 5,8 %, contre une première estimation de 1,7 %. En début de semaine, le directeur financier du groupe de technologies Honeywell a souligné lors d'une conférence téléphonique que les indicateurs économiques « ne montrent pas de signes d'exubérance », mais une « résilience et une croissance régulière » de l'économie américaine
BÉNÉFICES ET PRODUCTION EN HAUSSE
Un ressenti que les chiffres de la production industrielle pour le mois de novembre, publiés un peu plus tôt dans la semaine, sont venus confirmer. Celle-ci a grimpé de 1,1 %, dépassant ainsi « pour la première fois son sommet d'avant la récession de décembre 2007 », a indiqué lundi la Réserve fédérale, qui a précisé qu'elle se situait « à un niveau supérieur de 21 % à celui de la période difficile de juin 2009 ». Toutefois, le taux d'utilisation des capacités industrielles, lui, reste en retard par rapport à ses niveaux moyens d'avant-crise.
Ce ressenti d'amélioration se retrouve dans les chiffres publiés vendredi par le département du commerce, qui indique que les bénéfices avant impôt des entreprises ont progressé au troisième trimestre de 5,7 % par rapport à la même période de 2012.
Ces bonnes nouvelles font regarder sous un autre angle ce qui constitue l'essentiel de la croissance de ce troisième trimestre, à savoir le gonflement des stocks des entreprises à des niveaux inédits. Ceux-ci comptent pour plus d'un tiers de la progression du PIB. Or, il y a toujours deux façons de décrypter la progression de cet indicateur : soit les entreprises anticipent un redémarrage de la demande, soit, au contraire, il indique qu'elles ont été trop optimistes – ce qui les contraindrait ensuite à réduire la voilure.
UNE CROISSANCE ENTRE 2 ET 3 % L'AN PROCHAIN
L'amélioration des dépenses de consommation pourrait laisser croire que la première hypothèse, la plus optimiste, est la bonne, même s'il est encore trop tôt pour le dire. Toutefois, la plupart des économistes s'attendent à ce que le rythme de croissance au quatrième trimestre retombe légèrement. Même si JPMorgan Chase a relevé ses prévisions à la suite de ce troisième trimestre en fanfare, la banque voit le PIB ne progresser que de 2 % entre octobre et décembre, Barclays étant un peu plus optimiste à 2,3 %.
La question est de savoir si la dynamique de croissance est désormais enclenchée. « L'essentiel de l'accélération de la croissance en 2014 viendra de la fiscalité », prévoit Mohit Mittal, gestionnaire de portefeuille chez Pimco, le plus gros fonds obligataire du monde. Celui-ci rappelle qu'entre les coupes budgétaires, l'expiration d'un certain nombre de réductions d'impôts et la réforme du système de santé, le PIB américain a été amputé de 1,3 point en 2013. Des effets qui devraient s'atténuer l'an prochain de l'ordre de 0,7 % – ce qui devrait, de façon mécanique, stimuler la croissance que M. Mittal situe dans une fourchette située entre 2,25 % et 2,75 %. La Fed, elle, a donné en début de semaine une fourchette de 2,8 % et 3,2 %. Pour autant, l'économie américaine n'a pas encore recouvré tout son potentiel de croissance, avec un chômage à 7 % et une inflation qui demeure basse, indiquant que les salaires et la consommation restent anémiés.
Journaliste au Monde