Le Monde.fr avec AFP |
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Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du Front national (FN) et candidat aux élections européennes dans la circonscription Sud-Est, a des idées radicales pour contrer « l'explosion démographique ». Radicales voire infectieuses. « Mgr Ebola peut régler ça en trois mois », a-t-il lancé lors d'une discussion mardi 20 mai, avant un discours prévu au Palais de l'Europe du parc Chanot de Marseille.
M. Le Pen, qui discutait avec le maire frontiste de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, répétait alors en petit comité les grands axes de sa politique migratoire. Face au « risque de submersion » de la France par l'immigration et au « remplacement de la population qui est en cours » à cause notamment de la « faible natalité du continent européen », M. Le Pen a accusé ceux qui « ont des yeux et ne voient pas ». « Ils ont des oreilles et n'entendent pas », a-t-il aussi mis en garde, citant un livre de la démographe Michèle Tribalat, Les Yeux grands fermés : l'immigration en France.« Il n'est jamais trop tard », lui a répondu Marc-Etienne Lansade. « Il n'est jamais trop tard, mais il est bien trop tard quand même », a déploré l'eurodéputé frontiste, avant d'en appeler au virus mortel réapparu ces derniers mois en Afrique.
UNE SIMPLE « OBSERVATION » DÉMOGRAPHIQUE
Mercredi, à Valence, Jean-Marie Le Pen a tenté de s'expliquer sur ses déclarations, assurant qu'il s'agissait d'une simple « observation » démographique et rejetant le terme de « dérapage ». « Je ne vois pas comment on peut polémiquer sur un tel sujet. Moi, je suis un adversaire résolu de tout ce qui touche à l'intégrité des populations, mais on n'y peut rien. Je ne maîtrise pas ces phénomènes, j'essaie de voir quels vont être les équilibres demain que nous devrons prendre en compte », a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Le virus Ebola est, selon lui, une « maladie terrible ». « Comme les guerres nucléaires ou internes, il est de nature à modifier cette évolution [démographique], qui en elle-même est catastrophique. »
Le député Gilbert Collard, élu avec le soutien du FN, a jugé mercredi « recevable » l'explication donnée par M. Le Pen : « Si on entrait dans l'interprétation que la presse cherche à en donner, à partir d'un mot qui est travaillé par les lexicographes de la diabolisation, on serait dans l'horreur. Mais dans la mesure où Jean-Marie Le Pen lui-même dit que ce n'est pas cette interprétation qu'il faut donner, dans la mesure où il n'a jamais cédé sur le moindre mot, dans les pires moments des feux du vocabulaire, on peut là le croire. »
Le premier ministre Manuel Valls a de son côté affirmé mercredi que « les calembours effrayants » de Jean-Marie Le Pen montraient « la vraie face du Front national ». « C'est la démonstration que le Front national, avec Marine Le Pen, n'a pas changé », a-t-il ajouté.
« MARSEILLE EST LE SYMBOLE QUE SCHENGEN EST UNE ERREUR »
Après ses propos sur le virus Ebola et « l'explosion démographique », à la tribune du Palais de l'Europe, l'ancien candidat à la présidentielle a aussi présenté l'Europe comme « un radeau de la Méduse dans lequel nous avons de l'eau jusqu'à la poitrine ». Ce « phénomène d'immigration massive est aggravé chez nous par un fait religieux : une grande partie de ces immigrés sont des musulmans, une religion qui a une vocation conquérante, d'autant plus conquérante qu'elle se sent forte et qu'ils se sentent nombreux. Elle va jusqu'à conquérir jusque dans nos propres rangs — pas au FN mais en France — de nombreux et nouveaux fidèles », a-t-il martelé.
Marine Le Pen, qui s'exprimait ensuite, a loué « Marseille, toujours à l'avant-garde du pays », qui a fait élire en mars dans le 7e secteur un maire frontiste, Stéphane Ravier, sous les applaudissements du public qui scandait « on est chez nous ! ». « Marseille est le symbole que Schengen est une erreur, une faute, une monstruosité », a déclaré la députée européenne sortante, candidate à sa réélection dans la circonscription Nord-Est.