Repéré par Eric Leser
Les
passagers d'un grand 8 situé à proximité d'un immeuble de HSBC dans le
quartier de Canary Wharf, à Londres. REUTERS/Toby Melville.
Les banques britanniques ne veulent surtout
pas savoir d'où viennent les centaines de millions que leur apportent
les mafias et autres cartels de la drogue.
La City de Londres est devenue le centre mondial de blanchiment de l’argent de la drogue. C’est ce qu’affirme Roberto Saviano, expert en criminalité et auteur du bestseller Gomorrah qui révélait les pratiques et le pouvoir de la Camorra napolitaine.Les banques et les services du Royaume-Uni ignorent totalement la règle de base «connaît ton client» qui permet de limiter la capacité des organisations criminelles à recycler l’argent de leurs activités. «Les britanniques considèrent que ce n’est pas leur problème parce qu’il n’y a pas de corps étendus dans les rues», explique Roberto Saviano.
Cette mise en garde intervient peu de temps après celle de la National Crime Agency (NCA) qui estime «que des centaines de milliards de dollars d’argent criminel sont très certainement blanchis chaque année par les banques britanniques y compris leurs filiales». La NCA ajoute qu’en dépit du rôle du Royaume-Uni pour établir des règles internationales afin de lutter contre le blanchiment d’argent sale, l’augmentation continue de ces sommes «est une menace stratégique pour l’économie et la réputation du Royaume-Uni». D’autant plus que les mêmes réseaux sont utilisés par les mafias et les terroristes.
«Personne ne semble s'en soucier»
Interrogé par The Independent, Roberto Saviano affirme que dans le trafic international de drogue: «Mexico est le cœur et Londres la tête». Il explique que c'est la facilité avec laquelle on peut blanchir de l’argent via les banques anglaises et le faible coût des opétayions qui a attiré tant de capitaux sales à Londres. Pour Antonio Maria Costa du bureau de l’ONU sur le crime et les drogues, «les organisations impliquées dans le trafic de drogue recyclent de façon flagrante de l’argent sale par le biais des banques européennes et américaines mais personne ne semble s’en soucier». Il ajoute que les banques ont été d’autant moins regardantes parce qu’elles ont depuis la crise financière de 2008 un grand besoin de liquidités et que les sommes en jeu sont trop importantes pour être rejetées.Ainsi la HSBC, la première banque britannique, a du payer une amende de 1,9 milliards de dollars en 2012 à la justice américaine pour avoir recyclé l’argent du cartel de la drogue mexicain Sinaloa. Roberto Saviano trouve incroyable que cela n’ait pas entraîné la moindre réaction: «les intellectuels n’ont rien dit. David Cameron n’a rien dit…»
Roberto Saviano accuse directement le gouvernement anglais de bloquer en permanence les législations pour combattre le blanchiment que tente d’imposer l’Union Européenne. Et il craint que cela ne soit la conséquence du fait que les banques sont une source majeure de financement des partis politiques. «Ils vont continuer comme cela jusqu’à ce que quelqu’un soit tué ici à Londres par les Russes ou les Italiens».
Le député travailliste David Lammy, candidat possible à la mairie de Londres en 2016, se dit inquiet «que les prix gonflés de l’immobilier à Londres soient notamment liés à l’afflux d’argent sale…».