![](https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2018/05/autana.jpg?w=774&h=580)
Le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera l’avait annoncé il y a quelques jours : ¨Le
peuple du Venezuela détient aujourd’hui, de nouveau, la clef de
l’avenir de l’Amérique Latine. Exactement comme il y a deux siècles,
comme à l’époque de Simon Bolivar, son rôle historique est de protéger
notre continent face à un empire et d’empêcher celui-ci de balayer les
autres foyers de résistance¨. Après quatre ans de guerre
économique, la tâche était difficile, à l’image du peuple indigène
d’Autana, dans l’État d’Amazonas, faisant la file sous la bruine pour
traverser le fleuve Orénoque et rejoindre les bureaux de vote (photo).
La campagne de la droite consistait, à
travers le secteur privé majoritaire dans l’économie, à augmenter les
prix au-delà de tout ce qu’on avait connu jusqu’ici et à promouvoir le
boycott du scrutin, allant jusqu’à paralyser le transport dans la région
de la capitale, le jour de l’élection. Une droite sous forte influence
externe, en osmose avec les annonces anticipées de l’Union Européenne et
de la Maison Blanche de refuser le verdict des urnes. Dans sa
conférence de presse tenue peu avant l’annonce des résultats, le
candidat le mieux placé de l’opposition Henri Falcon a soudain refusé de
reconnaître la légitimité du scrutin et a exigé d’en organiser un
autre, tout en critiquant les secteurs radicaux de la droite: ¨aujourd’hui il
est clair que cet appel à l’abstention a fait perdre une occasion
extraordinaire de mettre un terme à la tragédie que vit le Venezuela¨.
Avec 92.6% des votes comptés, le Centre National Électoral a
donné les premiers résultats officiels, irréversibles. La participation
totale s’élève à 46 %, soit 8 millions 360 mille votes. De ceux-ci, 5
millions 823 mille se sont portés sur le candidat Nicolas Maduro qui
remporte la présidentielle avec près de 68 % des suffrages. De son côté,
l’opposant Henry Falcón a obtenu 1.820.552 votes soit 21 %,
l’évangéliste Javier Bertucci 925.042 votes (11 %) et Reinaldo Quijada,
34.614 votes. La Constitution vénézuélienne, dans son article 228
stipule : « sera proclamé vainqueur le candidat ou la candidate ayant
obtenu la majorité des votes valides » : quel que soit le niveau de la
participation, c’est la majorité simple qui détermine la victoire. Force
est de constater que le ¨noyau dur¨ du chavisme, qui a toujours oscillé
entre 5 et 6 millions de votes, est resté intact et que l’abstention
concerne essentiellement l’opposition. La pression de
la guerre économique et des sanctions euro-américaines s’est heurtée à
une fibre historique de résistance populaire et a même réveillé toute
une organisation de base – notamment autour de la distribution et de la
production d’aliments, en alliance concrète avec les mesures et les
programme sociaux de Nicolas Maduro.
![DdsB-PPVMAALOEJ](https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2018/05/ddsb-ppvmaaloej.jpg?w=523)
![DdsBrfDVwAAC1Ir](https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2018/05/ddsbrfdvwaac1ir.jpg?w=523)
Liesse
à Caracas le 20 mai 2018. Nicolas Maduro salue ses partisans rassemblés
autour du palais présidentiel de Miraflores peu après l’annonce de sa
victoire par le Centre National Électoral.
Après 26 jours de campagne officielle qui ont vu quatre candidats exposer des propositions antagoniques dans les médias, le Centre National Electoral avait
installé 14.638 bureaux de vote sur l’ensemble du territoire. Étaient
présents près de 2000 observateurs internationaux, venus notamment des
nations caraïbes réunies au sein du CARICOM, de l’Union Africaine, et
du CEELA, le Conseil des Experts Électoraux Latino-américains. 17 audits du système électoral avaient été organisés.
![DdlR7SwW0AE6xLq](https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2018/05/ddlr7sww0ae6xlq.jpg?w=228&h=285)
Le Conseil des Experts Électoraux Latino-Américains (CEELA) avec Tibisay Lucena, Présidente du Centre National Électoral (CNE)
Composé en majorité de présidents des tribunaux nationaux électoraux de pays gouvernés par la droite, le Conseil des Experts Électoraux Latino-américains
a expliqué par la voix de son président Nicanor Moscoso : ¨Nous avons
eu des réunions avec chacun des candidats qui ont accepté les résultats
des inspections et des contrôles. Nous sommes en présence d’un processus
transparent, harmonieux.¨ Luis Emilio Rondón, Recteur du Centre
National Électoral et membre de l’opposition, avait estimé publiquement
que le scrutin offrait les mêmes garanties de transparence que
celles des élections de 2015, remportées par la droite avec deux
millions de voix d’avance.
L’ex-président de l’Équateur Rafael Correa,
présent lui aussi en tant qu’observateur, a rappelé que ¨les élections
vénézuéliennes se sont déroulées avec une absolue normalité. J’ai
assisté au vote dans quatre centres : flux permanent de citoyen, peu de
temps d’attente pour effectuer le vote. Système très moderne avec double
contrôle. De ce que j’ai vu, organisation impeccable. Personne ne peut
mettre en doute les élections du Venezuela et sur la planète entière,
il n’existe pas d’élections plus contrôlées qu’au Venezuela.¨
Autre observateur, l’ex-premier ministre
espagnol José Luis Rodríguez Zapatero avait déclaré vendredi que la
position des Etats-Unis et de l’Union Européenne de « désapprouver » les
élections présidentielles au Venezuela avant qu’elles n’aient lieu
était une « absurdité ». Il a reconnu éprouver « une certaine colère à
cause de ce qui est en jeu. C’est très grave de dire à un pays : ces
élections ne sont pas utiles, elles ne valent rien, avant qu’elles
n’aient lieu. C’est une marque d’irresponsabilité envers un peuple et
son avenir. Que des positions si importantes aient été prises avec si
peu d’éléments de jugement me fait peur ».
Zapatero s’est interrogé sur les préjugés de
l’Union Européenne envers le Venezuela : « Pourquoi a-t-elle agi ainsi
avec le Venezuela ? Ce n’est pas raisonnable, ce n’est pas facile à
expliquer. (..) Je crois que l’Union Européenne doit redevenir une
puissance régionale qui donne la priorité au dialogue et à la paix. Je
crois que l’Amérique Latine attend de l’Union Européenne qu’elle parie
sur le dialogue ». Zapatero a pris comme exemple Cuba : « Après tout ce
que nous avons entendu sur Cuba, maintenant, il y a un changement total
de situation, il est très facile de discuter avec Cuba. L’attitude
envers le Venezuela reste un grand mystère. Celui qui dit avant de
l’avoir vécu que les conditions ne sont pas réunies pour des élections
au Venezuela soit est un devin soit a des préjugés. Si le gouvernement
bolivarien voulait frauder, il n’aurait pas invité le monde entier à
observer les élections. Or, mise à part l’Organisation des Etats
Américains (OEA), on a invité le monde entier à vivre le processus
électoral. L’Union Européenne, l’ONU, n’ont pas d’experts pour vérifier
un processus électoral ? Bien sûr qu’elles en ont, mais nous sommes
enfermés dans un grand préjugé, dans des dogmes et cela conduit au
fanatisme et au désastre. » Il a souligné, pour conclure, qu’il faut
« venir sur le terrain. La vie et l’expérience politique consistent à
bannir les préjugés et à connaître la vérité par soi-même. »
Thierry Deronne, Caracas, le 21 mai 2018.URL de cet article : https://wp.me/p2ahp2-46j