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L'ex-présidente socialiste Michelle Bachelet est arrivée dimanche largement en tête du premier tour de la présidentielle chilienne, avec un programme portant sur le renforcement des services publics et le droit des femmes. Sa "Nouvelle majorité" rassemble des jeunes, comme les chefs de file du mouvement de contestation étudiante de 2011, dont la communiste Camila Vallejo.
Michelle Bachelet créditée de 46,73% des voix contre 25 % à la candidate de droite Evelyn Matthei, frôle l’élection dès le premier tour. Un second tour aura lieu le 15 décembre. Cela reste une maigre victoire pour les conservateurs qui n’étaient crédités que de 14 à 21% des voix, selon les instituts de sondages. La droite parle de « triomphe morale », on dira plutôt que les conservateurs évitent une humiliation. "Cela leur donne de l'espace, et leur permettra de perdre d'une manière digne" car l'élection de Michelle Bachelet sera "presque une formalité" en décembre, affirme l'universitaire Cristobal Bellolio.
Un programme à gauche
Avec sa "Nouvelle majorité", la candidate Bachelet a rassemblé les communistes, qui n'avaient pas participé à un gouvernement depuis 40 ans, démocrates-chrétiens et plusieurs courants socialistes. Elle a promis de mettre en marche dans les 100 jours après son élection un ambitieux programme de mesures, notamment une large réforme fiscale envisageant une augmentation de l'impôt des sociétés de l'ordre de huit milliards de dollars (3% du PIB) destinée en particulier à une refondation du système éducatif pour instaurer une éducation publique de qualité, l'amélioration du système de santé et des services publics. Elle envisage de légaliser l'avortement, interdit au Chili même à des fins thérapeutiques, et d'ouvrir le débat sur l'union entre personnes du même sexe. Michelle Bachelet etend également modifier la Constitution, pour permettre la décentralisation du système administratif de l’État, le changement du système binominal et la réaffirmation de la souveraineté sur les richesses naturelles du pays pillées par les multinationales. Lire à ce sujet notre entretien avec le président du Parti communiste chilien membre de la "Nouvelle Majorité" : "Le peuple veut aujourd’hui une nouvelle Constitution pour le Chili".
Des jeunes élus
Camila Vallejo et d'autres chefs de file du mouvement de contestation étudiante de 2011 au Chili ont été élus dimanche au Congrès. C’est un véritable changement de génération au sein de la classe politique du pays. Des jeunes sur lesquels Michelle Bachelet devrait s’appuyer pour réformer en profondeur le système éducatif et avancer notamment en matière de droit des femmes. Agée de 25 ans, Vallejo, militante communiste, était devenue l'incarnation du mouvement étudiant réclamant la gratuité de l'enseignement qui a fait vaciller le pouvoir de droite du président sortant, Sebastian Pinera.
"Nous allons célébrer notre triomphe dans les rues de La Florida (ndlr, un quartier de Santiago)", a annoncé la nouvelle parlementaire sur Twitter. D'autres leaders de la contestation étudiante vont faire leur entrée à la chambre basse du Congrès. C'est le cas de Giorgio Jackson et Gabriel Boric, qui se présentaient en indépendants, et de Karol Cariola, elle aussi militante du Parti communiste affilié à la "Nouvelle Majorité".
Allende et Pinochet toujours en toile de fond. Les
deux opposantes vivaient, enfant, dans le même quartier, se côtoyaient
sur la base aérienne de Cerro Moreno, à Antofagasta au nord du Chili.
Leurs familles étaient voisines et leurs pères très amis. Mais le coup
d'État d'Augusto Pinochet contre le président socialiste Salvador
Allende, le 11 septembre 1973, a les a radicalement séparé. Alberto
Bachelet fut torturé à mort pour sa fidélité à l'égard du président
déchu. De son côté, Fernando Matthei fit partie de la junte militaire
jusqu'à devenir responsable hiérarchique du lieu de détention du père de
Michelle Bachelet.