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Un capital qui ne s'accumulera plus
Selon ce chercheur, la rentabilité des quasi-monopoles nécessaires pour accumuler un volume suffisant de capitaux pousse d'autres acteurs à intégrer le marché. Et comme ces monopoles proposent des conditions plus favorables aux travailleurs (notamment pour éviter les arrêts de travail), ils augmentent le coût de la main-d'œuvre ce qui réduit leurs profits. Ces quasi-monopoles sont ainsi sapés d'une "manière ou d'une autre" par les concurrents. S'ensuit une une guerre des prix qui, si elle fait le bonheur des consommateurs, est une hantise pour le producteur qui finit par vendre à perte.
Des délocalisations industrielles pour compenser cette chute des profits? Elles ne sont plus assez rentables aujourd'hui, rétorque Immanuel Wallerstein. Et la financiarisation ne constitue pas une solution miracle selon lui, car "elle n'augmente pas le capital mais le transfère d'un "richard" (en français dans le texte) à un autre, ironise-t-il. Même les capitalistes n'en voudront plus."
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L'automatisation et l'informatisation, dévoreurs d'emplois
Randall Collins s'attache en outre à démonter plusieurs contre-arguments. La théorie de la "destruction créatrice" de Schumpeter? Inapplicable pour l'informatisation, parce qu'elle ne sera pas suivie de la création de nouveaux emplois. Le développement dans des pays moins touchés par l'automatisation? Toujours niet, selon Randall Collins qui souligne "la présence d'un marché des classes moyennes presque unifié par les technologies de communication". Et d'ajouter que la mondialisation a déjà commencé à décimer les emplois de cette classe moyenne : l'exemple des cols blancs indiens travaillant dans l'Internet, en tête. L'État ne pourra rien y faire non plus, puisqu'il crée des emplois administratifs avant tout.
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Les catastrophes environnementales: le coup de grâce?
Et les solutions enclenchées n'y feront rien. L'innovation a accru la durée de vie des nouveaux matériaux, mais nécessite une énergie alimentée par des ressources rares. "En parallèle, l'environnement sert de monnaie d'échange", juge le sociologue, citant l'exemple du commerce du carbone. "Tous ceux qui ne polluent pas au-delà d'une certaine limite vendent leurs quotas aux pollueurs qui peuvent polluer davantage." En outre, l'offre de technologies vertes ne fournit pas d'énergie proportionnelle à la demande. Pour Craig Calhoun, l'extraction du pétrole de gaz de schiste est une solution partielle et temporaire au mouvement d'accumulation de capital... puisque cela provoquera de nouvelles crises écologiques...
Pour Randall Collins, les catastrophes climatiques achèveront à coup sûr le capitalisme. Même si ce dernier a survécu en 2100, l'auteur prévoit cette année-là les effets les plus dévastateurs pour les habitats humains: inondations et déplacements de populations. Un flux de réfugiés synonyme de concurrence et de main-d'œuvre bon marché qui "diminuera les opportunités de la majorité des travailleurs" et ne fera qu'"aggraver la crise économique". Et les "emplois verts", créés par les "industries vertes", ne suffiront pas, prévoit-il, car ces dernières risquent elles-même d'emprunter la voie de l'informatisation et de l'automatisation.