Cervantes

Hoy es el día más hermoso de nuestra vida, querido Sancho; los obstáculos más grandes, nuestras propias indecisiones; nuestro enemigo más fuerte, el miedo al poderoso y a nosotros mismos; la cosa más fácil, equivocarnos; la más destructiva, la mentira y el egoísmo; la peor derrota, el desaliento; los defectos más peligrosos, la soberbia y el rencor; las sensaciones más gratas, la buena conciencia, el esfuerzo para ser mejores sin ser perfectos, y sobretodo, la disposición para hacer el bien y combatir la injusticia dondequiera que esté.

MIGUEL DE CERVANTES
Don Quijote de la Mancha.

14 de agosto de 2024

LE VENEZUELA EST UN MERVEILLEUX PAYS EN MOUVEMENT, PAR VIJAY PRASHAD

Par Vijay Prashad *

Chers amis,

Salutations depuis le bureau de Tricontinental : Institut de Recherche Sociale.

J’ai passé les deux dernières semaines à Caracas, au Venezuela, avant et après l’élection présidentielle du 28 juillet. Au cours de la période précédant l’élection, deux choses me sont apparues clairement. Premièrement, les chavistes (partisans d’Hugo Chávez et du projet bolivarien aujourd’hui dirigé par le président Nicolás Maduro) ont l’énorme avantage de disposer d’une base populaire organisée. Deuxièmement, sachant que les chances n’étaient pas en leur faveur, l’extrême droite de María Corina Machado et le gouvernement des États-Unis, ont allégué que l’élection serait frauduleuse avant même qu’elle n’ait lieu. Depuis au moins le référendum révocatoire de 2004, lorsque la droite a tenté de démettre Chávez de ses fonctions, les allégations de « fraude » de la part de la droite font partie du folklore.

Juste après minuit, le soir des élections, le 28 juillet, le Conseil National Électoral (CNE) a annoncé qu’avec 80 % des votes dépouillés, une tendance irréversible se dessinait : Maduro a été réélu. Ces résultats ont été confirmés quelques jours plus tard par le deuxième bulletin du CNE avec 96,87% des votes dépouillés : Maduro (51,95%) a battu le candidat d’extrême droite Edmundo González (43,18%) avec une avance de 1.082.740 votes (les autres candidats de l’opposition n’ont obtenu que 600 936 votes combinés, ce qui signifie que même si les votes obtenus par les autres candidats de l’opposition étaient allés à González, il n’aurait toujours pas gagné). En d’autres termes, avec un taux de participation de 59,97 %, M. Maduro a obtenu un peu plus de la moitié des voix.

J’ai parlé des résultats à un conseiller de haut niveau de l’opposition, qui a demandé à rester anonyme. Il a déclaré que, même s’il comprenait la frustration de son camp, il estimait que le résultat final était à peu près correct. En 2013, a-t-il expliqué, M. Maduro a gagné avec 50,62 % des voix, tandis que M. Henrique Capriles a obtenu 49,12 % des voix lors des élections présidentielles qui ont eu lieu un peu plus d’un mois après la mort de M. Chávez. C’était avant l’effondrement des prix du pétrole et le durcissement des sanctions. À l’époque, avec la disparition de Chávez, la droite se sentait proche de saisir sa proie, mais n’avait pas réussi à s’imposer. Il est difficile de battre les chavistes parce qu’ils ont à la fois le programme de Chávez et la capacité de mobiliser leurs partisans vers les urnes », a-t-il déclaré.

Ce n’est pas que l’extrême droite ne promette pas de transformation sociale ; elle veut privatiser la compagnie pétrolière publique, rendre les biens expropriés à l’oligarchie et inviter les capitaux privés à cannibaliser le Venezuela. C’est plutôt que leur promesse de transformation sociale est en contradiction avec les rêves de la majorité. C’est pourquoi la droite ne peut pas gagner, et c’est pourquoi une ligne d’attaque importante depuis 2004 a été de crier à la fraude.

Ainsi, le jour de l’élection, juste après la fermeture des bureaux de vote et avant la publication des résultats officiels, Machado et Washington, comme s’ils s’étaient concertés, ont commencé à crier à la fraude, s’appuyant sur une ligne d’attaque qu’ils avaient établie depuis des mois. Les commandos de Machado sont immédiatement descendus dans la rue et ont attaqué les symboles du chavisme : écoles et centres de santé des quartiers populaires, gares routières et bus publics, bureaux des communes et partis chavistes, statues des personnalités qui ont déclenché la révolution bolivarienne (dont une statue de Chávez et celle du chef indigène Coromoto). Au moins deux militants du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), Isabel Cirila Gil, de l’État de Bolívar, et Mayauri Coromoto Silva Vilma, de l’État d’Aragua, ont été assassinés au lendemain de l’élection, deux sergents ont été tués et d’autres chavistes, policiers et fonctionnaires ont été brutalement battus et capturés. Au total près de 25 militant(e)s chavistes ont été assassiné(e)s.

La nature de l’attaque montrait clairement que ces forces d’extrême droite, racistes, voulaient effacer l’histoire des indigènes et des zambos du Venezuela, ainsi que de la classe ouvrière et de la paysannerie. Chaque jour depuis l’élection, des centaines de milliers de chavistes sont descendus dans les rues de Caracas et d’ailleurs. Dans chacune de ces marches, le chant no volverán – ils ne reviendront pas – a résonné dans la foule. L’oligarchie, disaient-ils, ne reviendra pas.

La révolution bolivarienne a commencé en 1999, lorsque Chávez a accédé à la présidence. Des vagues d’élections ont été organisées pour modifier la constitution et vaincre la résistance de l’oligarchie (ainsi que celle de Washington, qui a tenté à de nombreuses reprises de renverser Chávez, comme lors du coup d’État manqué de 2002, et Maduro, comme l’utilisation continue de sanctions comme outil de changement de régime et les tentatives d’invasion depuis la Colombie). Le gouvernement de Chávez a nationalisé l’industrie pétrolière, renégocié les prix de la rente (par le biais de la loi sur les hydrocarbures de 2001).

Le trésor national a pu obtenir un pourcentage plus élevé des redevances versées par les multinationales pétrolières. La société pétrolière Petróleos de Venezuela, S.A. (PDVSA) a créé le Fonds de développement social et économique (Fondespa) pour financer des projets en faveur des travailleurs du pétrole et de leurs communautés, ainsi que d’autres projets. La richesse pétrolière devait servir à industrialiser le pays et à mettre fin à la dépendance du Venezuela vis-à-vis de ses ventes de pétrole et de ses importations. La diversification de l’économie est un élément clé de l’agenda bolivarien, y compris la relance de l’agriculture du pays et, ce faisant, la réalisation du cinquième objectif stratégique du Plan pour la patrie, à savoir « préserver la vie sur la planète et sauver l’espèce humaine ».

Crédit : Francisco Trías

C’est grâce à l’argent du pétrole que le gouvernement de Chávez a pu augmenter les dépenses sociales de 61 % (772 milliards de dollars), qu’il a utilisées pour améliorer la vie de la population par le biais de programmes à grande échelle tels que les diverses misiones (missions) qui visent à faire des droits inscrits dans la Constitution de 1999 une réalité. Par exemple, en 2003, le gouvernement a mis en place trois missions (Robinson, Ribas et Sucre) pour envoyer des éducateurs dans les zones à faibles revenus afin d’offrir des cours gratuits d’alphabétisation et d’enseignement supérieur. La mission Zamora a pris en main le processus de réforme agraire et la mission Vuelta al Campo a cherché à encourager les habitants des bidonvilles à retourner à la campagne. La mission Mercal a fourni des aliments de qualité à bas prix pour aider à sevrer la population des produits alimentaires importés hautement transformés, tandis que la mission Barrio Adentro a cherché à fournir des soins médicaux de qualité à bas prix à la classe ouvrière et aux pauvres et que la mission Vivienda a construit plus de 5 millions de logements.

Grâce à ces missions, les taux de pauvreté au Venezuela ont diminué de 37,6 % entre 1999 et aujourd’hui (le déclin de l’extrême pauvreté est stupéfiant : de 16,6 % en 1999 à 7 % en 2011, soit une baisse de 57,8 %, et si l’on commence à mesurer à partir de 2004 – le début de l’impact des missions – l’extrême pauvreté diminue de 70 %). Le Venezuela, qui était l’une des sociétés les plus inégalitaires avant 1999, est devenu l’une des sociétés les moins inégalitaires, avec un coefficient de Gini en baisse de 54 % (le plus bas de la région), ce qui montre l’impact de ces politiques sociales de base sur la vie de tous les jours.

Crédit : Francisco Trías

Au cours des vingt dernières années, lors de mes fréquents séjours au Venezuela, j’ai parlé avec des centaines de chavistes de la classe ouvrière, dont beaucoup de femmes noires. Depuis le durcissement des sanctions, les Vénézuéliens ont été confrontés à d’immenses privations et ont librement exprimé leurs doléances quant à la direction de la révolution. Ils ne nient pas les problèmes, mais contrairement à l’opposition, ils comprennent que la racine de la crise est la guerre hybride des États-Unis. Même si les inégalités sociales et la corruption augmentent, et l’exode massif de population est une réalité, ils situent ces maux dans la violence de la politique de sanctions (ce que même le Washington Post admet aujourd’hui, en reconnaissant que les 936 sanctions contre le Venezuela ont eu un impact équivalant à trois Grandes Dépressions (1929).

Lors des marches massives pour défendre le gouvernement dans la semaine qui a suivi les élections, les gens ont ouvertement décrit les deux choix qui s’offraient à eux : essayer de faire avancer le processus bolivarien à travers le gouvernement de Maduro ou revenir à février 1989, lorsque Carlos Andrés Pérez a imposé au pays le programme économique élaboré par le FMI et connu sous le nom de paquetazo (paquet). Pérez a agi contre ses propres promesses électorales et contre son propre parti (Acción Democrática), provoquant une rébellion urbaine – la première révolte populaire contre le FMI dans l’Histoire – connue sous le nom de Caracazo, au cours de laquelle 5 000 personnes ont été tuées par les forces gouvernementales en une journée fatidique (bien que les estimations du nombre de morts varient considérablement).

En effet, nombreux sont ceux qui pensent que Machado ouvrirait une ère encore pire pour le pays, car elle n’a rien de la finesse sociale-démocrate de Pérez et voudrait infliger une thérapie de choc à son propre pays au profit de sa propre classe. Un dicton populaire vénézuélien résume bien l’essence de ce choix : chivo que se devuelve se ‘esnuca (la chèvre qui revient sur ses pas se casse la nuque).

Le milliardaire canadien Peter Munk, propriétaire de Barrick Gold, a écrit que Chávez était un « dangereux dictateur », l’a comparé à Hitler et a appelé à son renversement. C’était en 2007, lorsque Munk était contrarié par le fait que Chávez voulait contrôler les exportations d’or du Venezuela. L’orientation générale du gouvernement Chávez était de « se détacher » de l’économie mondiale, ce qui signifiait empêcher les entreprises multinationales et les pays puissants du Nord de déterminer l’agenda de pays tels que le Venezuela.

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Cette idée de « déconnexion » est le thème principal de notre dernier dossier, Comment l’Amérique latine peut se déconnecter de l’impérialisme. S’appuyant sur l’Agenda stratégique 2030 de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique-Traité de commerce entre les peuples (ALBA-TCP), le dossier propose quatre domaines clés qui doivent être déconnectés afin de jeter les bases d’une stratégie de développement souveraine : la finance, le commerce, les ressources stratégiques et l’infrastructure logistique. C’est précisément ce que le processus bolivarien a entrepris de faire, et c’est précisément la raison pour laquelle son gouvernement a été si durement attaqué par l’impérialisme états-unien et par des multinationales telles que Barrick Gold.

Le lendemain de l’élection, il pleuvait. Lors d’une des marches organisées ce jour-là pour défendre le processus bolivarien, un chaviste a récité quelques lignes d’un poème de 1961 du poète vénézuélien Víctor « El Chino » Valera Mora (1935-1984), « Maravilloso país en movimiento » (Merveilleux pays en mouvement).

Merveilleux pays en mouvement

Où tout avance ou recule

Où hier est une avancée ou un adieu.

Ceux qui ne te connaissent pas

diront que tu es une cause impossible.

Si souvent moqué

Mais toujours debout, joyeux.

Tu seras libre.

Si les condamnés ne peuvent atteindre tes rivages

Tu iras vers eux un autre jour.

Je continue à croire en toi

merveilleux pays en mouvement.« 

Bien cordialement,

Vijay.

L’auteur : l’historien, éditeur et journaliste indien Vijay Prashad est le directeur du Tricontinental Institute for Social Research. Membre de la rédaction et correspondant en chef de Globetrotter. Rédacteur en chef de LeftWord Books. Chercheur principal non résident au  Chongyang Institute for Financial Studies de l’Université Renmin de Chine. Il a écrit plus de 20 livres, dont The Dark Nations et The Poor Nations. Ses derniers livres sont Struggle Makes Us Human : Learning from Movements for Socialism et The Retreat : Iraq, Libya, Afghanistan, and the Fragility of American Power (avec Noam Chomsky).

Photos : Francisco Trías / Nawseas (compte « X »)

Traduction : Bernard Tornare

URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2024/08/14/le-venezuela-est-un-merveilleux-pays-en-mouvement-par-vijay-prashad/

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